Editeur : Albin Michel
Pour les lecteurs/lectrices qui, comme moi, ont lu Stephen King surtout à
la phase ado-adulte, se retrouver avec son dernier roman, "suite" de
son classique Shining (1977), relève un peu du tiraillement. Oui mais et si ?
Et si je m’ennuyais ? Après tout, je suis passée à autre chose… Et si je
trouvais ça mauvais ? On sait que l’auteur a eu pas mal de passages à
vide et les suites, souvent… Et si et si et si.
Force est de constater que d’ennui, il n’y en eut guère.
Hormis une mise en route un
peu lente (mais propre à SK qui installe son cadre et ses personnages
avec minutie), le rythme et la tension s’imposent très vite, offrant un
plaisir primitif plus qu’intellectuel au fil de la lecture. Même si
Stephen King dit se soucier du cerveau de ses lecteurs dans sa conférence de presse parisienne, il se décrit comme un auteur de
l’émotion, du visuel. Et on a bien compris.
Oui, Danny Torrance a
grandi. Sans échapper aux monstres de son père, l’alcool et la violence.
En errance, solitaire et orphelin, l’adulte Dan finit sa course dans
une petite ville du New Hampshire, où il espère se racheter une vie, et
une conscience aussi peut-être. Le Don ne l’a jamais quitté, même
lorsqu’il l’anesthésiait sous bières et whisky. Billy, un ouvrier
communal, et son patron Casey, sentant son désarroi, lui offrent une
dernière chance. Les AA. Dan finit par trouver un emploi dans un hospice
où son don lui servira surtout à aider les mourants à "passer". Et
lui vaudra le surnom de Docteur Sleep.
C’est sa rencontre avec la petite
Abra Stone, fillette au don encore plus puissant que le sien, qui
ramènera Dan plus loin dans son passé qu’il ne l’aurait cru. Les démons
existent toujours, sous une nouvelle forme peut-être…
Malgré des
passages violents et une noirceur de fond pendant tout le récit, Stephen
King développe incontestablement le thème de la rédemption dans ce
livre qui, en fin de compte, dégage une dose d’optimisme inattendue. Les
histoires d’horreur sont sans doute d’excellentes révélatrices des
multiples facettes du psychisme humain. Et l’auteur, malgré quelques
évidences, arrive encore à nous surprendre.
Sa force narratrice est
incontestable et absorbante, alors ne boudons pas notre plaisir. Let’s
get entertained. A lire dans le noir (enfin presque).