Editeur : Glénat
En 1977, Philippe Vuillemin intervenait déjà avec des histoires
courtes provocantes dans L'Echo des Savanes et Hara Kiri. Avec un trait
criard et cradingue, des caricatures sans concessions de nos contemporains et
des mises en scène humoristiques trash, il allait petit à petit
s'imposer comme le digne successeur de Reiser et Coluche, repoussant les
limites de la provocation et faisant éclater les tabous en cacas. Une
vulgarité revendiquée pour tourner tout le monde en dérision.
Aujourd'hui, avec 17 tomes à l'actif de la série, plusieurs
intégrales, des compilations, des courts dessins animés (bof) diffusés en TV,
c'est la consécration. Les albums sont même passés au grand format
cartonné (donc plus chers). Si on a toujours droit à quelques passages
jubilatoires d'humour vache, ne comptez pas trop sur un renouvellement
pour l'heure. L'auteur est devenu un industriel de la "délicate
poilade". Il se contente de se réapproprier les blagues qui circulent en
y ajoutant sa touche... mais le minimum syndical : tronches typiquement
vuilleminesques, décors minimalistes aux plans de plus en plus fixes et
puis bien sûr tout ce qu'il faut pour rebuter les maniaques (et même
les moins maniaques) de l'hygiène.
C'est inégal mais ça fonctionne. Pour se déconnecter les neurones et
rire gras (notre santé mentale nous le réclame de temps à autres), je
recommande d'anciens tomes ou le recueil Les Sales Blagues, La Totale, dans lequel vous retrouvez la meilleure période de cette série éclaboussante de "finesses".
Chronique par Jean Alinea