Editeur : Soleil
Un courant graphique en vogue allie graphisme mignon, enfantin et des
éléments plus "gothiques", que ce soit dans des productions pour la
jeunesse (cf. d'autres titres de la collection Métamorphose par exemple*) ou pour adultes (cf. Jolies Ténèbres ou
La Petite Sirène version Junko Mizuno), pour qui le genre tourne souvent au gore... Il devient dès lors de
plus en plus difficile, sur base d'une couverture, de discerner le
public concerné.
Avec Billy Brouillard cependant, pas de fausse piste : ça s'adresse aux (grands) enfants dès 8 ans et le côté macabre prend tout son sens puisqu'il s'accompagne d'une réflexion enfantine du petit héros autour de la
mort, qu'il s'agisse de la décomposition des chairs ou de dialogue avec l'au-delà (une planche
ouija est d'ailleurs offerte en fin d'album).
Billy Brouillard : Le don de trouble vue alterne les styles narratifs, passant du poème aux colonnes de journaux,
des planches de BD à de l'illustration de type encyclopédique. Guillaume Bianco adopte un dessin qui évoque à la fois Calvin et
Hobbes, la gravure ancienne, les grimoires ésotériques et, dans
quelques scènes en ombres chinoises, on pense même aux Idées Noires de
Franquin. Le tout est rehaussé par un papier faussement jauni, des mises
en pages (par J-L. Deglin) inspirées des publications début XXe siècle,
qu'il s'agisse de quotidiens, de livres de contes, de manuels pratiques
ou de beaux-livres. Déjà un bel objet en soi, mais dont l'apparence ne trompe pas sur le contenu.
Sans ses lunettes, le petit Billy perçoit, grâce à sa débordante imagination, ce qui est invisible aux autres : le fantastique derrière la réalité. En temps normal, le garçonnet adore se créer
des dangers horrifiques à surmonter, des créatures fantomatiques à
combattre... Cependant, depuis le décès de son chat Tarzan, la mort lui
semble soudainement plus concrète, plus inquiétante, moins séduisante...
Il adressera une missive au Père Noël - cet autre mystère - pour lui faire part d'une demande
exceptionnelle cette année.
Nom d'un asticot, avec cet humour à la fois enfantin
et mordant, ces trouvailles jolies et lugubres, sans oublier un petit coup d'adrénaline en fin d'ouvrage, Bianco nous épate une fois de plus !... dans un autre style que ses adorables Ernest et Rebecca.
Chronique par Jean Alinea
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