Editeur : Casterman
Après celle d’Egon Schiele, voici une intéressante biographie de Rimbaud (1854-1891), même si le graphisme esquissé et sec
de Xavier Coste finissent par nous rendre le poète maudit complètement
antipathique. Il faut reconnaître que son histoire est bien moins lisse
que le cliché romantique trop souvent véhiculé.
Fasciné par le talent, la soif d’aventure et la beauté fougueuse du
jeune prodige de seize ans, Paul Verlaine prend Arthur Rimbaud sous son
aile pour l’introduire dans les cercles littéraires. Mais l’arrogance et
l’insolence grossière de son protégé lui valent rapidement des ennuis
et une discréditation dans les salons académiques, ainsi que dans sa
belle-famille austère. Entre son amour consommé pour le jeune poète,
l’exil à Bruxelles, l’alcool qu’il tient mal et la raison qui l’invite à
retourner auprès de son épouse et de l’enfant qui s’apprête à naître,
Verlaine vivra une torture psychologique incessante.
Complètement marginal, Arthur Rimbaud n’a jamais connu le succès de
son vivant. Ses poèmes ne lui ayant rapporté ni moindre sou, ni
reconnaissance, il abandonnera son art à vingt ans, entamant alors une
seconde vie en Afrique (Yémen, Ethiopie), où il subsiste à ses besoins
comme il peut, jusqu’au trafic d’ivoire, de peaux ou d’armes. Une
vilaine blessure et un rapatriement tardif à Marseille auraient eu
raison de lui.
Bien racontée et instructive, cette biographie sans concession aurait par contre
gagné à être mise en images de manière plus attrayante et haute en
couleur.
Chronique par Jean Alinea