Auteur : Laurent LefeuvreEditeur : Le Lombard
Ce 25 septembre 2010, le monde a été vidé de tous ses habitants. Au hasard des trop rares rencontres, une poignée de survivants se regroupe autour d’un petit garçon, Tom. Celui-ci est possédé par un étrange pouvoir : celui de faire vivre les héros des petites BD de gare dont il a nourri son imaginaire. Petit inconvénient : chaque apparition d’un Héros (Sergent Gachette, Cosmicman, Zanthar l’homme sauvage, Sheriff Jim Colt…) entraîne l’apparition conjointe d’un Méchant, seul (ptérodactyle, calmar géant…) ou en troupeau (envahisseurs extraterrestres, tribu indienne sur le sentier de la guerre…). Dix héros peuvent être appelés pour sauver le petit groupe de dix Méchants. Il va falloir que le petit Tom apprenne à gérer son imaginaire…
Qui, parmi les bédéphiles, a déjà entendu parler de Laurent Lefeuvre ? Probablement personne : il n’ été jusqu’ici que l’illustrateurs d’albums pour enfants aux titres fantastico-culinaires savoureux : Le guide des lutins comestibles ; 30 recettes de lutins délicieux. Lefeuvre entre en bande dessinée par la grande porte, puisque ce premier album a les honneurs de figurer, aux côtés d’œuvres de Hermann, Cosey, Dany, Rosinski et Van Hamme, dans la collection "Signé", la collection de prestige du Lombard.
Il faut dire que ce Tom et William déborde de charme. Lefeuvre y revisite de manière très originale plusieurs mythes conjugués. La trame de base entrelace deux thèmes récurrents : celui des derniers-humains-sur-terre-après-la-disparition-mystérieuse-de-tous-les-autres et celui de l’imaginaire-qui-devient-réalité. Là-dessus, l’auteur se laisse aller à un hommage ému aux bandes dessinées de gare, celles que l’on trouvait par paquets de quatre, à hauteur d’enfants, aux caisses des supermarchés. Celles qui ressassaient sur papier bon marché des ersatz de Tarzan, King Kong, Superman, Bruce Lee, Prince Valiant et autres. Bref, Lefeuvre nous fait parcourir d’un seul coup d’un seul la galerie presque complète des archétypes de l’Aventure.
Tom et William est de ces albums à clés, au scénario inventif et intelligent, que l’on relira avec autant de plaisir qu’on l’a lu la première fois.
Chronique par Geoffroy d'Ursel
