Editeur : Actes Sud – l’An 2
Mexique. Le narrateur, Eusebio Ramirez, est gardien d’un musée de masques. Apprenant un nouveau décès tragique dans la famille Rojas, il décide d’effectuer un voyage, lors du très célébré "Jour des Morts", dans le but de renouer avec les membres restants. Un périple qui va réveiller bien des souvenirs. Cette reconstitution de tranches de vie familiale, avec ses fêlures, avec ses différentes époques, finissent par s’entremêler, puis virer à un cauchemar burlesque, avec farandole de masques macabres derrière lesquels se cachent de joyeux squelettes. Des morts qui existeront tant qu'ils ne tombent pas dans l'oubli des vivants.
Cette bande dessinée fait la part belle à cette façon de concevoir la mort sans tabou qui nous paraît aussi étrangère qu’exotique, à ces rites funéraires permettant de conjurer l’angoisse existentielle, avec ces ornementations d’autels surchargées : crânes en sucre, bondieuseries, fruits, plantes, lampions, photos, etc. Felix Pestemer (Allemagne, 1974) rend ici également hommage aux artistes du masque et les artistes muralistes mexicains, dont il s’est d'ailleurs inspiré pour le style graphique du livre (réalisé au crayon et à l’aquarelle). Le récit contient d’autres allusions à des personnalités ayant marqué l’histoire du Mexique.
Dessins, ambiances et puis cette idée de traiter l’approche festive du deuil mexicain sont vraiment très appréciables. Tout cela est de plus très documenté, comme en attestent les notes en fin d’ouvrage. Par contre, c’est sur le plan narratif que La Poussière des aïeux peine à trouver un rythme et parfois même une clarté pour conserver l’attention du lecteur. Dommage pour un si beau livre.
Chronique par Jean Alinea