BD : Le temps de vivre

Auteurs : Piatzszeck et Séra
Editeur : Futuropolis



Fête des morts du même scénariste, Stéphane Piatzszek, avait convaincu les amateurs du genre polar noir. Après cette enquête clandestine dans un Cambodge rongé par le tourisme sexuel, on ne s’attendait pas à retrouver cet auteur dans un registre jovial, mais pas non plus à ce qu’il plonge ses lecteurs plus loin - trop loin - dans la noirceur.

Avec Le temps de vivre, vous êtes téléporté dans une banlieue bien pourrie, sur laquelle règne d’une main de fer un maquereau et truand vieillissant prénommé Mario. Il a un règlement de compte à effectuer avec une bande de jeunes petites frappes qui veulent lui "racheter" son secteur.

Et puis il y a Séva, le "héros" désabusé, criminel par la force des choses, qui débarque dans ce merdier pour sortir Mona, une belle barmaid dont il est amoureux, de ce quotidien sordide. Mais pour avoir les moyens de ses rêves, notre dur à cuire au grand coeur va accepter une dernière mission de tueur à gages que lui confie Mario.

Evidemment, le plan est savamment manigancé pour que les évènements tournent mal pour lui. Séva va tenter de jouer plus rusé que son commanditaire.

Oui, on croirait lire le pitch d’un nouveau Sin City de Frank Miller, le réalisme en prime, le second degré inimaginable. Et ne comptez pas sur le dessin de Séra - toujours aussi original mais sombre, dur et froid – pour apporter une touche d’optimisme.

Tout ici est décadence urbaine, violence et désespoir. Pas de concessions. Et très peu d’inventivité narrative pour rattraper ce récit certes crédible mais faiblard.

Si vous affichez un mauvais moral après ça, ne venez pas dire qu’on ne vous a pas prévenus !

Chronique par Jean Alinea