BD : Erzsebet

Auteurs : Orhun et Rassat
Editeur : Glénat



Le graphisme et les atmosphères gothiques de Erzsebet m’ont tellement évoqué l’ouvrage Dracula, chez le même éditeur (dans la collection Carrément BD), que j’ai d’abord cru qu’il s’agissait du même dessinateur. Or, si l’histoire de Bram Stocker était adaptée par Hyppolite, celle de la comtesse hongroise Erzsebet Bathory est dessinée par un certain Emre Orhun. Un autre nom à retenir, indubitablement.

Le scénariste Cédric Rassat s’est inspiré d’une lugubre châtelaine hongroise du XVIIe siècle, qui aurait réellement existé*, pour développer un récit cauchemardesque qui relève du genre fantastique et du conte classique. Ce qui ne signifie pas qu’il faut laisser ce bouquin à portée des enfants ou autres personnes émotives, car les auteurs ne nous épargnent aucun détail de la perversité de la criminelle. La comtesse tente en effet de ralentir l’effet du temps sur sa beauté en se baignant dans le sang de jeunes vierges enlevées puis sacrifiées.

Les ambiances nocturnes en noir et blanc dignes des meilleurs films muets expressionnistes, les trognes torturées qu’on croirait sorties d’un tableau de Bosch ou Brueghel l’Ancien et la technique de la carte à gratter sont autant d’atouts qui font de ce livre une réussite du genre. Si le scénariste avait pu imaginer un rebondissement final un peu moins convenu, ça aurait été encore mieux, mais "ne boudons pas notre plaisir", comme on dit.

Chronique par Jean Alinea

* A noter que sa légende a également fait l’objet d’un film, intitulé La Comtesse (réalisé par Julie Delpy).