ESSAI : L'avenir est notre poubelle

Auteur : Coudray
Editeur : Sulliver


Malgré un titre peu réjouissant et quelques bémols que j’évoquerai plus bas, voici un essai dont la lecture me semble un "devoir citoyen". Après, à chacun de se faire une opinion sur la question, mais la réflexion de son auteur – très claire et facile à lire – va droit au but à l'ère des nombreux débats stériles, nouvelles questions existentielles et autres mal-êtres ambiants.

Jean-Luc Coudray est un philosophe qui prône l’"Objection de croissance" ou "Décroissance". Késako ? Absolument pas un retour à l’âge de pierre, mais à un retour urgent à la raison et à l’humanisme. En quelques chapitres bien tapés, lisibles indépendamment, Coudray dresse un portrait des dérives de nos sociétés. Oh pas seulement celles dont on nous rabâche déjà les oreilles (biodiversité, changements climatiques). Non, pas seulement.
Il décrypte les messages insidieux - souvent conscients, parfois inconscients – de la publicité, du tutoiement dans la diffusion de masse, de la surproductivité, de la "valorisation" du travail, du fichage génétique, etc.

Peut-être pas à lire d’une traite si vous n’avez pas le moral bien accroché, mais voilà qui est éminemment instructif.

L’auteur dessert cependant à quelques petites reprises son propos en y intégrant des coups de gueule sans rapport direct avec son alternative de décroissance et de petites aigreurs issues de sa nostalgie personnelle (je pense notamment au design enfantin ou à sa perception de certaines technologies, dont le web). Mais vu la pertinence de l’ensemble du livre, ne lui en tenons pas rigueur.

Dans les derniers chapitres de l’ouvrage, l’auteur propose ses suggestions, que ses lecteurs habituels connaissent déjà bien, ainsi que quelques aphorismes à méditer.

Chronique par Joachim

N.B. : plusieurs dessinateurs se sont déjà associés à Jean-Luc Coudray, et non des moindres : Lewis Trondheim pour une réflexion en bande dessinée autour de la mort (Nous sommes tous morts, à l’Association, collection Patte de mouche) ou Jean Giraud/Moebius (2001 après Jésus-Christ, chez Stardom).

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