BD : Jour de grâce

Auteurs : Jakupi et N’Guessan
Editeur : Dupuis



L
a veille de Noël, A
ndreï, pickpocket à ses heures (entre autres trucs minables), "emprunte" un portefeuille. Il n’aurait pas pu tomber plus mal : son propriétaire le retrouve et lui flanque une torgnole avant de le reconnaître. Il s’agit d’"Oncle Mathias", exécuteur des basses œuvres dans la mafia russe, qui n’a pas oublié qu’Andreï a commis quelques indélicatesses vis-à-vis de gens qui ont la pardon difficile. Il va falloir passer l’arme à gauche. Mais, pour la mémoire du père d’Andreï, le tueur accorde un jour de grâce à sa future victime, histoire de remettre de l’ordre dans sa vie…

Le scénariste (et illustrateur, photographe, compositeur, traducteur, journaliste, écrivain…) Gani Jakupi adapte en BD un roman écrit dix ans auparavant. Du point de vue narratif, le résultat est, il faut bien le dire, décevant. L’album prend 64 planches pour narrer une histoire qui pouvait avantageusement être résumée en 10 et faire partie d’un recueil de courtes histoires.

Aucun des personnages ne suscite une sympathie, ni même un intérêt suffisant pour tenir sur la longueur – tout au plus éprouve-t-on un dégoût grandissant pour le protagoniste. On a bien compris qu’il s’agissait d’une étude psychologique sur la lâcheté, mais même ce sujet-là ne semble pas approfondi.

C’est d’autant plus dommage que le dessin de Marc N’Guessan, avec son réalisme minimaliste parfaitement maîtrisé, parvient à créer une ambiance glauque assez réussie. Un essai inabouti, donc, mais qui appelle un approfondissement ultérieur.

Chronique par Geoffroy d'Ursel