A l'aube des années 70, Jung, petit Coréen du sud, est adopté par une famille belge. Il en est de lui comme de dizaines de milliers d'autres : à cette époque, son pays d'origine est devenu le plus gros "exportateur" d'enfants au monde.
Le statut catastrophique de la femme, la misère et le grand nombre d'unions illégitimes (avec des soldats occidentaux) fait qu'énormément de bambins sont abandonnés. Si Jung a bel et bien échappé à la mort dans les rues de Séoul, en Belgique il n'échappe pas aux difficultés d'intégration. Mais surtout, c'est la relation froide avec sa nouvelle mère et ses questionnements sur lui-même qui minent son existence. Qui est-il ? Pourquoi ses mamans successives lui ont-elles refusé toute chaleur maternelle ? Pourquoi cette gène lorsqu'il croise d'autres sud-Coréens qui ont été adoptés comme lui ? Pourquoi s'exclut-il lui-même de son nouvel environnement familial alors que ses frères et soeurs l'y ont accueilli sans réserve ? La "couleur miel" de sa peau le rend-elle définitivement étranger au monde des petits blancs ? Pourquoi renie-t-il sa Corée natale au profit d'une image idéalisée du Japon ?
Jung raconte des souvenirs poignants et analyse les difficultés auxquelles il a été confronté. Il peut le faire avec humour, voire ironie : sa découverte de la sexualité, notamment, est hilarante comme celle de n'importe quel autre adolescent. Il peut le faire par contre avec une gravité extrême : en abordant le suicide dans lequel bon nombre de jeunes "couleur miel" ont trouvé refuge. L’impression d’être sur des montagnes russes d’émotion est générée par la structure du récit : on balance entre passé et présent, entre anecdote et réflexion, entre rire et affliction. Mais malgré ces va-et-vient, Jung touche du doigt l'essence du désarroi humain et happe facilement le coeur du lecteur : la spontanéité n'empêche pas la profondeur.
Jung raconte des souvenirs poignants et analyse les difficultés auxquelles il a été confronté. Il peut le faire avec humour, voire ironie : sa découverte de la sexualité, notamment, est hilarante comme celle de n'importe quel autre adolescent. Il peut le faire par contre avec une gravité extrême : en abordant le suicide dans lequel bon nombre de jeunes "couleur miel" ont trouvé refuge. L’impression d’être sur des montagnes russes d’émotion est générée par la structure du récit : on balance entre passé et présent, entre anecdote et réflexion, entre rire et affliction. Mais malgré ces va-et-vient, Jung touche du doigt l'essence du désarroi humain et happe facilement le coeur du lecteur : la spontanéité n'empêche pas la profondeur.
Alors, même si ce sont d'autres médias qu'on utilise généralement pour publier des témoignages, Couleur de peau : miel est la preuve que la bande dessinée a sa place dans le processus, et je dirais même plus : qu'elle y a une place de choix. Merci Jung !