Ouvrages choisis en rapport avec Alice au pays des merveilles

Auteurs: Divers
Editeurs : Drugstore, Soleil, Frmk, La Boîte à Bulles




De nombreux éditeurs ont senti à l’annonce de l’adaptation cinématographique d’Alice au pays des merveilles par Tim Burton un succès assuré s’ils profitaient de l’aubaine marketing. Le texte étant libre de droits, en plus…

Ainsi, alors que le
film est actuellement à l’affiche, le chaland se baladant dans les librairies sera inévitablement attiré par des ouvrages autour du monde d’Alice, ouvrages à la beauté formelle manifeste. La bande dessinée signée Leah Moore (la fille d’Alan), John Reppion et Erica Awano (éditions Soleil pour la version française) se veut proche du texte de Lewis Carroll et un hommage aux illustrations originales de John Tenniel… mais à la sauce manga, ce qui semble étudié pour les jeunes lecteurs d’aujourd’hui.

Une autre bande dessinée, alliant fidélité et modernité, est l’adaptation de David Chauvel et Xavier Colette (chez Drugstore). Le dessin y est à mon sens encore plus attrayant, dans la même veine que celui d’Enrique Fernandez (avec qui Chauvel avait adapté Le Magicien d’Oz, chez Delcourt)

Moins tape-à-l’œil et opportuniste, un ouvrage forcément essentiel est Les aventures d’Alice au coeur de la terre, que les éditions du Frémok ont réédité il y a quelque temps sans attendre Tim Burton. Il s’agit non moins du manuscrit écrit et illustré de la main de Lewis Carroll lui-même et qu’il avait offert à la véritable Alice. Ce texte deviendra ensuite en 1865 celui que l’on connaît… mais les dessins de l’auteur, eux, étaient restés inédits, car jugés inadéquats.

Une bande dessinée audacieuse qu’il n’aurait probablement pas renié est Le songe de Siwel. S’inspirant de plusieurs classiques de la littérature, de Dante à Shakespeare
, en passant par Dumas, Stevenson… et Trondheim (!), c’est surtout du ton foldingue d’Alice au pays des merveilles dont toutes les pages semblent imprégnées. Voici l’intro rien que pour vous en convaincre :
Siwel, jeune fille volontaire et naïve, jouant avec son cerceau,
évite de peu de se faire heurter par une voiture grâce à Lapinot. En effet, très en retard et soucieux de trouver « l’ambassade » (cf. Lapinot et les carottes de Patagonie), il bouscule la fillette, lui évitant l’accident. Toute excitée et intriguée, elle poursuit l’animal dans une mystérieuse bibliothèque… et c’est dans ce sombre dédale que démarre un voyage onirique qui lui fera rencontrer une virgule en forme de lune, des rats dévoreurs de pages, un farfadet, une reine de cœur d’artichaut, etc. Tout ce petit monde n’est pas là pour faire figuration et le final rendra au récit toute l’homogénéité requise.

Un beau livre au format à l’italienne (horizontal), aux dessins humoristiques, spontanés, mignons et à la jolie mise en couleur à l’aquarelle qui crée une atmosphère très poétique. Il réside des imperfections, comme cette surabondance de jeux de mots (parfois faciles), mais ce duo de jeunes auteurs, Enfin Libre (composé de David Barou au dessin et de Philippe Renaut au scénario), réussit une œuvre attachante.

Chronique par Jean Alinea