BD : Hector Kanon - T02 : Un scooter dans la mâchoire


Auteur : Libon
Editions : Fluide Glacial


Hector Kanon est une vraie tête à claques, malgré une mâchoire proéminente qui fait presque penser à un crocodile. Mais il n’a rien de très carnassier et s’il a les dents longues, il est vite rattrapé par la réalité : ses idées fumeuses pour surfer sur la hype se cassent assez vite la figure. On peut se croire au top de la tendance, revenu de tout, artiste génial à l’aube de la reconnaissance et être un gros… con.

Hector est un branché qui pète plus haut que son cul et qui est encouragé par une cour d’amis tout aussi dégénérés que lui. Et c’est vraiment pas un truc à faire. Le mieux, c’est de le laisser fumer des clopes, écluser des verres, ce qui ne manquera pas d’affoler les médecins pour qui son bilan de santé est aussi inquiétant que ce qui se passe sous le sarcophage de Tchernobyl. Faut dire qu’il est parvenu à se carrer un morceau de pizza dans le crâne après un accident de scooter, de quoi redouter l’implosion.

En lisant l’album de Libon, il faut se laisser porter sans se poser de question. Si on tente une lecture cartésienne, on va certainement trouver sujet à critiques : les différentes historiettes sont assez inégales, parfois avec une bonne chute, parfois sans. Parfois une bonne tranche de déconne déglinguée et vacharde, parfois une peinture poilante de la société moderne (l’épisode de la télé haute définition avec manuel incompréhensible, le maillot de bain qu’on ne peut pas mettre dans l’eau). Parfois (et c’est moins bien) une histoire qui se tire en longueur alors qu’elle ne fait que cinq pages.

Parfois c’est drôle, parfois c’est gratuitement répu (le chien qui perd ses tripes). Parfois c’est assez surprenant (l’apparition de Klaus Nomi en gardien des enfers).

Mais grâce à ses faiblesses, les petites histoires de Libon sont en définitive plutôt sympathiques vu leur persistance à ne pas vouloir péter plus haut que leur cul, contrairement à leur héros.

Alors, je suis plutôt séduit au final, et l’utilisation de couleurs assez fraîches (voir la couverture) n’est sans doute pas étrangère à l’effet atteint.

Chronique par Yves