BD : Brooklyn Dreams

Auteurs : DeMatteis et Barr
Editeur : Futuropolis




Un formidable exemple d’anti-marketing : le style de la couverture n’est en rien représentatif de l’intérieur du livre, qui lui même s’amuse à changer de graphisme, passant de l’humoristique au réalisme, avec d'occasionnels détours par l’abstrait !

Une fois tourné l’épais carton qui laissait augurer un polar hitchcockien sauce comics, les pages qui suivent ressemblent à une auto-psychanalyse de l’auteur new-yorkais J.M. DeMatteis.

Issu d’une famille constamment à deux doigts de péter un câble - italienne par son père (quasiment un gorille), juive par sa mère (une caricature de la névrose) - , l’enfance de Carl Vincent Santini (l'alter ego de DeMatteis) fut traumatisée par une ambiance orageuse, marquée par une adolescence désespérée et droguée, puis par une reconstruction, un nouvel élan, un éveil mystique.

Tout cela est souvent raconté de manière non chronologique, de façon déstructurée… ce que l’auteur parvient à justifier par une recherche de sens dans sa vie.

Tant par l’histoire de l’auteur que dans les dessins de Glenn Barr, l’épais ouvrage peut à la fois susciter le respect et un ennui profond ; respire la diversité des émotions humaines mais passe quand même trop du coq à l’âne ; rend le lecteur témoin d’un vécu hors normes, qui ne l’est peut-être pas assez pour marquer les esprits ; propose des trouvailles narratives et graphiques mais des dessins dans l’ensemble peu attrayants. J’ai donc trouvé en Brooklyn Dreams une expérience de lecture intéressante, mais totalement inégale.

Chronique par Jean Alinea