Auteur : Christophe Gaultier
Editeur : Futuropolis
Abandonnant ses Guerres Civiles, série qui risquait de s’avérer interminable, Christophe Gaultier, dont la réputation de créateur puissant ne cesse de croître, revient au style qui l’a fait remarquer par la critique. Dans la lignée de Banquise (2002) et Kuklos (2003), Le Suédois est un one-shot sans héros, un récit noir et quelque peu désespérant où Gaultier plonge dans quelques-uns des aspects les plus glauques de la nature humaine.
Or donc, par une nuit de 1898 balayée par la blizzard, trois voyageurs débarquent au Blue Hotel, aux environs de Norfolk, Nebraska. Entre les trois arrivants, le propriétaire de l’hôtel et son fils, un silence pesant s’installe que l’hôtelier tente de briser à plusieurs reprises, rencontrant régulièrement l’hostilité de l’un des hommes, "le Suédois". S’ensuivront une partie de cartes, une crise de folie paranoïaque, une bagarre meurtrière.
Pour décrypter cet album étrange, au goût amer, au final absurde en forme de couperet, il convient de parler de Stephen Crane, dont Gaultier adapte ici librement la nouvelle The Blue Hotel. Stephen Crane, écrivain américain emporté par la tuberculose en 1900, à 28 ans seulement, a exercé une influence déterminante sur la littérature américaine, puis (forcément) mondiale. Son œuvre maîtresse est le roman The red badge of courage, récit hyperréaliste du baptême du feu d’un jeune soldat pendant la Guerre de Sécession. Tranchant avec le lyrisme à la mode, Crane a inventé une narration sèche, dépouillée, laissant par là une place plus large à l’imaginaire du lecteur, et que la critique situait au croisement du réalisme, du naturalisme et de l’impressionnisme. Un style qui fut plus tard repris avec le succès que l’on connaît par Hemingway. Stephen Crane est connu pour ses histoires dont les protagonistes sont des gens "ordinaires" confrontés, pendant une brève période de leurs vies, à des évènements extraordinaires – ce que démontre parfaitement The Blue Hotel.
Adapter ce bijou littéraire qu’est la nouvelle de Crane relevait du défi. Un pari que Christophe Gaultier remporte haut la main avec cet album dans lequel les silences et les volets qui claquent ont autant d’importance que les paroles sèches. Un album qui, comme les meilleures poésies, ne livrera ses secrets qu’à la troisième ou quatrième lecture.
Editeur : Futuropolis
Abandonnant ses Guerres Civiles, série qui risquait de s’avérer interminable, Christophe Gaultier, dont la réputation de créateur puissant ne cesse de croître, revient au style qui l’a fait remarquer par la critique. Dans la lignée de Banquise (2002) et Kuklos (2003), Le Suédois est un one-shot sans héros, un récit noir et quelque peu désespérant où Gaultier plonge dans quelques-uns des aspects les plus glauques de la nature humaine.
Or donc, par une nuit de 1898 balayée par la blizzard, trois voyageurs débarquent au Blue Hotel, aux environs de Norfolk, Nebraska. Entre les trois arrivants, le propriétaire de l’hôtel et son fils, un silence pesant s’installe que l’hôtelier tente de briser à plusieurs reprises, rencontrant régulièrement l’hostilité de l’un des hommes, "le Suédois". S’ensuivront une partie de cartes, une crise de folie paranoïaque, une bagarre meurtrière.
Pour décrypter cet album étrange, au goût amer, au final absurde en forme de couperet, il convient de parler de Stephen Crane, dont Gaultier adapte ici librement la nouvelle The Blue Hotel. Stephen Crane, écrivain américain emporté par la tuberculose en 1900, à 28 ans seulement, a exercé une influence déterminante sur la littérature américaine, puis (forcément) mondiale. Son œuvre maîtresse est le roman The red badge of courage, récit hyperréaliste du baptême du feu d’un jeune soldat pendant la Guerre de Sécession. Tranchant avec le lyrisme à la mode, Crane a inventé une narration sèche, dépouillée, laissant par là une place plus large à l’imaginaire du lecteur, et que la critique situait au croisement du réalisme, du naturalisme et de l’impressionnisme. Un style qui fut plus tard repris avec le succès que l’on connaît par Hemingway. Stephen Crane est connu pour ses histoires dont les protagonistes sont des gens "ordinaires" confrontés, pendant une brève période de leurs vies, à des évènements extraordinaires – ce que démontre parfaitement The Blue Hotel.
Adapter ce bijou littéraire qu’est la nouvelle de Crane relevait du défi. Un pari que Christophe Gaultier remporte haut la main avec cet album dans lequel les silences et les volets qui claquent ont autant d’importance que les paroles sèches. Un album qui, comme les meilleures poésies, ne livrera ses secrets qu’à la troisième ou quatrième lecture.
Chronique par Geoffroy d'Ursel