Katsuhiro Otomo anthology

Auteur : Katsuhiro Otomo
Editeur : Dargaud (Kana)



Les admirateurs de Dômu et d’Akira se rueront sur cette anthologie qui regroupe des récits plus ou moins courts d’Otomo publiés entre 1979 et 1982. A cette époque, l’auteur n’est plus un débutant (première publication en 1971), mais pas encore une star.

Rappelons l’importance majeure d’Otomo, à la fois au Japon où il lança la mode de la science-fiction dans le manga, et en Occident, où Akira servit de détonateur à la déferlante manga (un tiers de ventes BD en Europe, à l’heure actuelle !).


Un classement thématique plutôt que chronologique permet de découvrir les influences essentiellement occidentales qui ont modelé son œuvre. Dans la première série de récits de science-fiction, on retrouve le style des histoires brèves de Mœbius telles qu’elles paraissaient à l’époque dans Métal Hurlant (regroupées dans L’homme est-il bon ?). En fin d’album, quatre très courtes variations sur des thèmes classiques en Occident (L’arche de Noé, la Table ronde, Le vieil homme et la mer, Aladin) ressemblent à s’y méprendre à certains épisodes des Voyages de Dominique Hé (toujours dans Métal).

Amusant de se dire qu’Otomo, influencé par la BD française et la SF anglo-saxonne, a eu à son tour une influence gigantesque nettement plus à l’Ouest !


Mais les exégètes se pencheront surtout sur Fire Ball, un récit de 40 pages dans lequel on trouve, déjà, les thèmes de la dérive technologique du pouvoir, des mouvements de résistance, des pouvoirs psychiques et d’une confrontation apocalyptique. Du propre aveu d’Otomo, ce Fire Ball servit de « brouillon » à Akira et de déclencheur à Dômu.


Même si les récits (tragiques ou ironiques mais toujours pessimistes) qui peuplent cette anthologie n’arrivent pas à la hauteur de ses chefs d’œuvre, ils se lisent avec plaisir : la qualité du dessin atteint presque la perfection de la maturité, et les histoires, sans être vraiment (toutes) novatrices, sont fluides et plaisantes.

Chronique par Geoffroy