Guns N' Roses : Chinese Democracy

Maison de disques : Geffen



Après la reformation temporaire de Led Zeppelin, d’autres grosses pointures hard rock font leur retour – réussi: Alice Cooper, Metallica, Whitesnake, AC/DC… ou encore les Guns. Et c’est pas fini: le comeback d’Aerosmith bientôt !

Les véritables précédents albums, les deux Use your illusion, datent déjà d’il y a 17 ans ! C’est dire si, à l’approche de la parution de Chinese Democracy, les attentes étaient grandes et le controversé Axl Rose dans la ligne de mire. D’autant plus qu’au fil des ans, ce dernier a viré tout le reste de sa bande (hormis le claviériste annexe, Dizzy Reed).

Rusé, le chanteur s’est entouré de musiciens balèzes sachant singer leurs prédécesseurs au besoin. Ainsi on croirait souvent entendre les riffs et soli de Slash et on n’est pas dépaysés: ça sonne bien comme un disque des Guns ! Tout
en évitant trop de redites. Le désormais seul commandant à bord amorce en effet un virage dans la carrière du groupe, en ouvrant le champ des possibles vers d’autres évolutions musicales. Histoire d’éviter l’auto-sclérose et d'espérer élargir son audience.

Les amateurs de November Rain ou Estrangled seront ravis: Street Of Dreams, Catcher In The Rye et Madagascar attestent que c’est essentiellement dans cette veine-là que Monsieur Rose semble vouloir persévérer… en apportant parfois de nouvelles influences, encore plus "mainstream". Au point que Better sonnerait comme... du Kylie Minogue si on en ôtait les riffs saturés et la voix criarde ! Dans If the world, on a carrément droit à de la funky pop matinée de notes latino (ndlr.: A quand un duo avec Shakira ?) Question crédibilité, il fallait oser ! Les fans puristes et duristes se pincent et hurlent, tandis que des midinet(te)s et sages employé(e)s de bureau se surprendront à apprécier des morceaux des Guns (je veux dire d'autres que November Rain). C'est drôle.

Pas de panique, il y a ici encore du "burné". Le guitariste Robin Finck - issu de Nine Inch Nails - n’a pas été engagé pour rien: les riffs et les distos font preuve d’efficacité ravageuse sur des morceaux tels Chinese Democracy, This I love (qui fait davantage qu'évoquer Welcome to the jungle), mais surtout Shackler's Revenge.

Niveau textes, il paraît qu’Axl aborde ses désarrois sentimentaux, ses phobies, sa paranoïa… Mais à vrai dire, peu nous chaut ce que ce type peut chanter tant qu’il ne réitère pas les propos diffamatoires de One in a million.

Comme lors de tout revirement, certains fans ne suivront pas, diront que les vrais Guns n’existent plus (l’argument tient la route). Pour ma part, ça fait des années que je me suis lassé des Guns (malgré quelques classiques qui détartrent toujours bien les oreilles) et je n’attendais vraiment rien de ce disque. J’ai été le premier surpris de le trouver plaisant.

Pas le disque de l’année mais une grosse production très bien fichue.


Chronique par Louis St-Jo

Anecdote
sensationnaliste I: Pas de nouveau Guns N’ Roses sans scandale, bien entendu, ce ne serait pas rock’n’roll. Mais cette fois il a suffi de laisser opérer le titre de l’album (inspiré par la fin du film Kundun) pour qu’il soit automatiquement banni en Chine. Un journal chinois aurait même été jusqu'à énoncer l’hypothèse d'une conspiration de l'Occident !

Anecdote sensationnaliste II: Chinese Democracy atteint un nouveau record: il aurait coûté 20 millions de dollars en frais de production, soit le prix d'un avion de chasse F-16.