Leur précédent St. Anger (2003) avait sans doute le mérite d’être une nouvelle remise en question, mais s’était avéré trop brut, difficilement écoutable d'une traite (je veux dire même pour un amateur du genre), reflétant l’énergie extrêmement négative des problèmes internes au groupe à ce moment-là… Le documentaire Some Kind Of Monster en est très révélateur.
En août 2008, le single The Day That Never Comes sonnait le retour attendu du plus grand groupe métal de la planète. Les premiers échos clamés un peu partout à propos du nouvel album annonçaient un retour aux sources, au son de ce qui fit le succès des Four Horsemen (leur p’tit surnom). Seulement voilà, il restait à espérer mieux que cette synthèse-express en 8 minutes de la marque de fabrique Metallica (The Day That Never Comes évoque beaucoup One, en moins bien). Et rien qu’une chanson intitulée Unforgiven III avait déjà de quoi crisper. Death Magnetic allait-il être un album démagogue ?
Passés les a priori, et regagnant la surface après une plongée dans les dix (longs) morceaux qui composent la nouvelle plaque, j’en arrive au constat que Metallica est une entreprise qui sait toujours produire des morceaux très bien construits et à l’énergie dynamisante (dont l’abus peut ravager la santé - la vôtre et celle de vos voisins).
Imaginez. James Hetfield, ouvre la bouche et dévoile ses dents de viking ricain. James toujours faire comme ça pour annoncer qu’il va vous recoiffer la tête… Sauf que là, vous ne vous attendiez pas à vous retrouver face à Thor déchaînant une tempête après avoir pris des multivitamines. Metallica is back, refait du trash… et même du speed par moments ! La batterie fait les frais d’un Lars Ulrich en gaulois sous l’effet de la potion magique. Les solos de Kirk Hammett se taillent à nouveau une large part du lion (il s’en donne même tellement à cœur joie qu’il ne freine pas devant quelques démonstrations techniques complètement gratuites. Mais on lui pardonne.)
Oui, dès les morceaux d’ouverture une larme d’émotion coulera sur les joues des fans de la première heure, trop heureux de se faire mettre au tapis par un tel coup de poing sonore. Peu de choses à jeter ici. Et croyez-le ou non, même Unforgiven III - s’il n’atteint pas le niveau du premier du nom - est appréciable !
Sans arriver au niveau de leurs cinq premiers albums (Kill’Em All ; Ride The Lightening ; Master Of Puppets ; … And Justice For All ; Black Album), la bande à James, Kirk et Lars renoue effectivement avec la veine de sa grande période. Vraisemblablement, la présence du nouveau bassiste Robert Trujillo (ex-Suicidal Tendencies et Infectious Grooves) et du producteur Rick Rubin (renommé pour son admirable travail avec les Red Hot Chili Peppers, entre autres) a un effet boostant. Du sang neuf pleinement au service de la bête Metallica !
Une mention particulière aussi à propos de la pochette perturbante, fusion ambiguë de symboles de mort (cercueil) et de vie (sexe féminin).
Chronique par Louis
P.S. : L’illustration représentant Kirk Hamett est signée par Miras (dont une nouvelle BD est prévue en janvier aux éditions Caravelle)