Le 6e album du Bouncer, La veuve noire, inaugure un nouveau diptyque d’aventures du cowboy manchot. Cette actualité brûlante nous a servi de prétexte pour aborder des sujets plus vastes avec Jodo :Joachim Regout : Je relève une petite contradiction amusante dans le fait que ta collaboration avec François Boucq se passe dans la négociation alors que ce n’est pas dans tes habitudes. On sait par exemple que tu n’aimes pas les acteurs stars de cinéma qui négocient des scènes d’un film etc.
Alejandro Jodorowsky : C'est parce que Boucq n'est pas un simple collaborateur. Il est un véritable ami. Je l'estime autant que mes fils. On ne peut pas imposer quoi que se soit à quelqu'un de sa famille. On a le plaisir de créer ensemble, chacun au même niveau créatif que l'autre.
Outre de nouveaux personnages masculins très forts (comme Axe-Head, bandit avec un fer de hache planté dans le crâne et père de cinq enfants criminels), les femmes sont omniprésentes et très importantes dans Bouncer : femmes cachotières (l’institutrice), mystérieuses (la veuve), amoureuses etc. Au-delà de la série Bouncer, j’ai envie de revenir sur quelque chose que tu as dit : "Il faut que la femme sorte des 4 rôles qui lui ont été attribuée : la pute, la mère, la sainte et la gourde." Quels sont les rôles-clés que les femmes doivent prendre aujourd’hui selon toi ?
La femme est, même pour elle-même, dans cette civilisation virile, un mystère. Ce n'est pas à un homme que revient la responsabilité de lui donner un rôle. C'est à elles de le trouver et de l'imposer aux hommes.
Outre de nouveaux personnages masculins très forts (comme Axe-Head, bandit avec un fer de hache planté dans le crâne et père de cinq enfants criminels), les femmes sont omniprésentes et très importantes dans Bouncer : femmes cachotières (l’institutrice), mystérieuses (la veuve), amoureuses etc. Au-delà de la série Bouncer, j’ai envie de revenir sur quelque chose que tu as dit : "Il faut que la femme sorte des 4 rôles qui lui ont été attribuée : la pute, la mère, la sainte et la gourde." Quels sont les rôles-clés que les femmes doivent prendre aujourd’hui selon toi ?
La femme est, même pour elle-même, dans cette civilisation virile, un mystère. Ce n'est pas à un homme que revient la responsabilité de lui donner un rôle. C'est à elles de le trouver et de l'imposer aux hommes.
De même que tu as catégorisé les quatre rôles attribués aux femmes, tu as dénombré quatre personnalités extrêmes dans l’humanité : les champions, les génies, les saints et les héros. Dans son autobiographie, Mœbius estime quant à lui que nos grands voyants, les "naguals", les accoucheurs de l’humanité, se trouvent aujourd’hui dans les milieux artistique, scientifique, économique et politique. Es-tu d’accord avec ça ?
Mœbius a le droit de penser ce qu'il veut. Les "naguals" sont une invention du mythomane Castaneda.
Voilà une réponse qui me surprend. Tu n’as pas tari d’éloges à propos de Castaneda durant des années... As-tu changé d'opinion sur ses enseignements du sorcier Yaqui ?
Oui. Héraclite a dit qu'on ne se baigne pas deux fois dans la même rivière. Et Bouddha a dit : "Verité est ce qui est utile." Une vérité l'est ici, maintenant et dites par quelqu'un. On peut parfaitement changer ses opinions. Les quatre premiers livres de Castaneda sont intéressants, presque géniaux. Après, ça devient du délire, du gore, de la paranoïa, etc. Quand un écrivain pense s'être transformé dans un de ses personnages, il y a du délire. A la fin de sa vie, Castaneda se prenait pour le Nagual.
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Images © Les Humanoïdes Associés