Editeur : Dargaud
Co-écrit par le dessinateur François Boucq et Yves Sente (ex-directeur éditorial du Lombard et "scénariste repreneur" de Thorgal ou encore de Blake et Mortimer), ce premier cycle (en deux tomes) du Janitor est une assez bonne surprise, malgré quelques réserves que j'émets ci-dessous.
"François Boucq et moi-même voulions aborder des sujets de fond avec un angle qui ne soit pas celui de la CIA, du FSB ou du MI-6. L’idée du Vatican est venue parce que c’est l’organisation politique la plus vieille du monde (1600 ans !) mais aussi la plus méconnue et la moins "exploitée" par les scénaristes du monde entier ! Pourtant, les plus vieux services de renseignement du monde sont évidemment les siens ! Un prêtre dans presque chaque village à travers le monde évangélisé, c’est un sacré réseau que bien des puissances leur ont envié pendant des siècles !"
Si le mot "Vatican" évoque les bestsellers que sont Le Triangle Secret, Da Vinci Code et autres fantasmes ésotériques du même acabit, les deux auteurs ont souhaité l’aborder tout autrement, de façon plus réaliste et géopolitique. Pas d’élucubrations théologiques au programme, selon Yves Sente : "Le propos n’est pas de se demander si Dieu existe. Chacun aura sa réponse, y compris notre héros, et c’est très bien. Le Vatican, lui, existe bel et bien. Et c’est son poids stratégique potentiel qui nous inspire ! On aborde une puissance en tant que telle. C’est un Etat comme un autre sous certains aspects et totalement atypique sous d’autres aspects. Et le XXIe siècle sera certainement plus compliqué pour lui que les 16 précédents."
Les "Janitores" par contre ne sont, a priori, que pure imagination.
Partant toutefois du principe que toute puissance politique moderne dispose de services secrets dignes de ce nom, Boucq et Sente ont conçu Vince - nom de code TRIAS - qui possède certes ce petit côté du héros séducteur (une bonne astuce héritée de Jean Van Hamme, probablement), mais fait surtout un "agent secret" très crédible. Le souci de réalisme, on le retrouve également dans les décors, basés sur des photos de voyage des auteurs.
François Boucq offre donc ici son talent graphique au service d’un récit très terre-à-terre, "commercial" et efficace. Sa patte se fait de plus en plus abordable, plus souple... mais le travail est moins formidable et original que dans les très grandes BD qu'il a signées avec Charyn (La femme du magicien et Bouche du diable), avec Jodorowsky (les Face de Lune et Bouncer) ou en solo (La dérisoire effervescence des comprimés ou les incroyables trouvailles graphiques des Jérôme Moucherot).
On se laisse happer par la première enquête du Janitor, et ce malgré les récitatifs et dialogues d'Yves Sente toujours quelque peu bavards (trop dans le tome 2) et austères. Et puis il y a ce dénouement un peu confus, un peu convenu, en tout cas pas encore à la hauteur de l'amorce. Néanmoins, les parts d’ombre du personnage principal, les ambiances ecclésiastiques dans lesquelles il évolue et le mystère entretenu à la dernière page parviennent à maintenir l’intérêt pour cette nouvelle série à suspense divertissante.
Chronique par Joachim
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- Jérôme Moucherot (série / humour)
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