Auteur: Raphaël Jacquerye
Editeur: Mols
A l’heure où le débat sur les modifications génétiques fait encore monter la tension, il n’était pas inopportun d’aborder le sujet dans une fiction anticipative.
Voilà ce que fait Raphaël Jacquerye dans La faim des magiciens : une ville a été créée dans les profondeurs de la forêt amazonienne. Babylone. Maintenu sous secret, le but de sa fondation intrigue néanmoins. On la sait destinée à des habitants triés sur le volet, mais selon des critères encore difficiles à connaître, trop bien camouflés qu’ils sont par l’initiateur du projet, le savant Harry Pimentel. Pourtant, on comprend bien vite le rôle de la modification génétique dans la sélection des Babyloniens. Pimentel semble déterminé à éradiquer l’agressivité, processus naturel désormais inutile à la survie de l’espèce humaine. Mais peut-être plus encore. Le projet à grande échelle finira par ouvrir ses portes, mais les résultats seront plutôt surprenants.
Alors qu’en parallèle, un autre scientifique acrobate des gènes crée un médium qui passionnera les foules, les questions éthiques, ethnologiques, métaphysiques et autres, vont bon train. Jusqu’où cette « normalisation » de la modification génétique peut-elle aller ?
Une idée de récit intrigante, qui interpelle, mais dont la mise en place est un peu décevante. Il est effectivement très intéressant d’élaborer un roman fait de questionnements à propos du sens, de l’indication, de l’aberration ou des limites des modifications génétiques. Néanmoins, la construction du récit dessert son fondement. Beaucoup de répétitions, quelques lieux communs, et des outils parfois un peu maladroits. On sent les connaissances de l’auteur et son envie de vulgariser un terrain glissant de l’actualité scientifique mais le roman en tant que tel manque d’un petit quelque chose qui aurait pu le rendre plus jusqu’au-boutiste.
Chronique par Virginie