BD : Adèle Blanc-Sec - T09 : Le labyrinthe infernal (première partie)

Auteur : Tardi
Editeur : Casterman



Tardi le clame haut et fort : il en a marre d’Adèle ; ce Labyrinthe infernal, neuvième épisode qui s’est fait attendre neuf ans, est l’ avant-dernier de la série ; encore un (Le bébé des Buttes-Chaumont) et puis adieu la Blanc-Sec, finis les récits en 44 planches couleurs, format que l’auteur juge trop rigide.

On la regrettera, Adèle, avec son caractère de cochon et sa façon bien à elle d’attirer monstres, sectes, psychopathes et savants fous, tout ce joli monde baignant dans un délectable mélange d’ambiances rétro, de folie douce et d’humour pince-sans-rire. Une série de légende, souvent imitée (Dick Hérisson, Harry Dickson…) – jamais égalée.

Ce raz-le-bol tardien est malheureusement perceptible dans l’album, non pas dans le dessin, d’une constance immuable dans la qualité, mais bien dans le scénario incroyablement confus, où les personnages de tous les autres albums se bousculent pour une ultime réunion de famille.


Il faut dire que, depuis le succulent premier épisode, Adèle et la bête, en 1976, la série a changé d’enjeu. Au départ parodie des récits feuilletonesques à la Fantomas, Adèle est devenue peu à peu prétexte à ambiances parigotes et à dialogues en langue verte.

Album fin-de-règne mais pas tout à fait, Le Labyrinthe infernal se laisse finalement déguster, mais seulement à la relecture, quand on a renoncé à chercher un tout cohérent pour se laisser porter par le plaisir au case-par-case.

On regrettera cependant que Casterman ait abandonné les savoureuses couverture simili-1900 qui faisaient l’unité bibliophilique de la série depuis ses débuts, pour des couvertures plus "actuelles", plus impersonnelles et aux dessins nettement plus pauvres. Un ratage esthétique qui ne s’explique que par le marketing : relancer l’achat de la série en profitant du coup de pub de la sortie d’un nouvel épisode. Business is business.


Chronique par Geoffroy d'Ursel