BD : Fang - T01 : Chasseuse de démons

L
e duo américano-canadien Kelly-Henrichon nous propose le début d'une nouvelle saga au mélange intéressant. L'atmosphère est médiévale, teintée de folklore asiatique, et ce monde est habité par des humains et des animaux anthropomorphiques. D'ailleurs l'héroïne est Fang, une jeune renarde qui a été élevée pour repérer, traquer et tuer les démons.

Dans la cité-état de Shanta'Droni, les terres sont desséchées, les récoltes seront faibles, la population meurt à petit feu. Il n'y a pas de doute, c'est la faute des démons ! La population a vite fait de trouver son coupable, car le peuple en réclame toujours un, en la personne d'un voisin au faciès vraiment pas facile et arrivé depuis deux ans dans les environs. Un imposant chasseur à tête de gorille se propose de tuer ce démon contre une importante somme. Car un démon doit être tué dans les règles de l'art, sinon il en ressortirait plus puissant. Le gorille s'apprête à exécuter la supposée source de malheur quand intervient pour la première fois Fang. Petite, mais forte, agile et aguerrie aux arts martiaux, elle met une gentille tannée au chasseur, démasque au passage le vrai démon et en fait du porridge.

Lorsqu'on aime ce genre de BD, un tel début doit mettre en confiance, l'intrigue se tient, le dessin est plaisant, l'aquarelle adoucissant la dureté du propos et de certains personnages. Et jusqu'au milieu du livre la narration est maîtrisée. Lorsque Fang démasque le démon suivant, le lecteur doit alors supporter vingt pages d'un combat avec les tentacules rouges du vilain méchant. Vingt pages de protubérances intestinales sanguinolentes et de discours sentencieux, qui en semblent quarante ! Et tout finit en porridge quand même !

Qu'est-il donc arrivé pour que personne ne se rende compte de la disproportion de cette scène qui monopolise un tiers du livre ? Une certaine longueur peut trouver son sens, servir l'histoire. Les amoureux du cinéma de Tarantino ne diront pas le contraire. C'est l'occasion pour le cinéaste américain d'installer un malaise, un humour, une tension, une attente. Là, l'envie est de trouver la touche "porridge" pour passer à autre chose.

Fang est un personnage attachant, dont les origines troubles et le racisme ordinaire qu'elle subit poussent à vouloir en savoir plus, mais les auteurs devront resserrer la construction de son épopée pour que l'on veuille bien tenter la suite de l'aventure avec eux.

Chronique par Reynald Riclet

Ce premier tome de Fang est paru aux Humanoïdes Associés.