BD : Gran Café Tortoni

Un tout jeune danseur débarque dans un célèbre café de Buenos Aires et espère rencontrer le mythique maestro qui vit reclus dans l’appartement voisin. 

Mina, belle femme mûre, a l’intuition que ce nouvel arrivant pourrait bien devenir un futur partenaire, elle qui rêve de se relancer sur les pistes de tango. Pour cela, il faudrait qu’il se déniaise.

Le garçon se fera présenter tour à tour à différents habitués, jamais avares de leurs histoires : de celles qui les lient au lieu ou d’autres anecdotes intrigantes,  passionnées.

Philippe Charlot a écrit un enchevêtrement de récits touchants, habités d’ambiances. J’aurais par contre aimé déceler davantage de feu dans certaines scènes, de fougue de la danse dans les postures et de la musique dans le trait… Winoc offrant un dessin réaliste esquissé (et mis en couleur numériquement), trop souvent figé dans les scènes où pulsion et émotion devraient dominer. Ca "fait le job", mais la bande dessinée manque selon moi d’un attrait visuel complémentaire au vu du thème.

Extraits :


"Et je te parle d'une danse qui relie cette histoire aux hommes et aux femmes d'aujourd'hui, même s'ils en ont perdu le souvenir !”

"Le milieu du tango est un monde très codifié, où une hiérarchie bien établie ne tolère pas l’irrévérence. Entre deux danses, chacun regagne lentement sa chaise… et ce ne sont que regards furtifs et interrogations muettes.

Pour les maestros qui tiennent le haut du pavé, trouver la partenaire idéale qui saura se glisser dans leurs pas est un art subtil. Un art où se mêlent prudence et détermination. Car sous des dehors machistes, c’est bien la femme qui tient le tanguera à la merci d’un rapide coup d’oeil.

Le tanguero, un être fier, qui ne peut risquer le refus. On a vu d’excellents danseurs quitter la piste, pour ne jamais y revenir, après l’humiliation d’un regard trop vite détourné.


Très vite, je me suis fait remarquer pour la qualité de mon coup d’oeil, fort apprécié des femmes. Le tango les oblige à s’abandonner au premier venu si elles ressentent en lui l’impérieuse volonté de les posséder, de les plier à son rythme. Subjuguées par mon regard, les meilleures danseuses se ont faites pressantes… Un peu trop. Leur convoitise a alimenté la jalousie des tangueros."

Edité sous le label Grand Angle des éditions Bamboo
Chronique par Joachim