Editeur : Mardaga
Difficile, impossible, même, de dissocier l’écrivain de la psychanalyste quand il s’agit des écrits de Jacqueline Harpman. Terreau fertile nourrissant la création de ses romans, les identités de ses personnages, inséminant sa création d’une subtile vision des âmes, la psychanalyse a cheminé côte à côte avec le travail de création littéraire.
Dans cet ouvrage sont proposés différents exposés abordant d’entrée de jeu A la recherche du temps perdu de Proust où la relation à la mère est subtilement décrite dans les premières pages. Mais aussi la notion de narration en tant que "je", l’inconscient niché dans l’écriture (Jacqueline Harpman expliquant notamment son ennui lors de la lecture du Da Vinci code où de l’auteur n’était pas palpable selon elle, contrairement à Proust ou Mauriac ou…), le statut d’écriveur par rapport à celui d’écrivain et l’incroyable mine analytique qu’offre l’Œdipe de Sophocle.
De très intéressantes approches qui donnent une nouvelle lumière sur l’œuvre de Jacqueline Harpman, sur ce transfert dans l’écrit, sur cette pulsion créatrice et savoureuse. "Les poètes ne savent pas tout sur ce qu’ils disent : heureusement, car il pourrait arriver qu’ils s’en épouvantent et ne disent plus rien." Voilà qui est bien terrifiant et fascinant à la fois…
Pour les passionnés de l’auteur, pour les amateurs pointus sensibles aux différents niveaux de lecture, pour la richesse de la réflexion de ce grand écrivain…
Chronique par Virginie