ROMAN : Le musée de l'Innocence

Auteur : Orhan Pamuk
Editeur : Gallimard


Un très grand roman dans une excellente traduction de Valérie Gay-Aksoy.

Kemal, trentenaire fringant, est sur le point de se fiancer avec la belle Sibel. Ils ont tout pour être heureux: milieu bourgeois émancipé dans une Turquie officiellement laïque, des vies familiales sans histoires. Et voilà que Kemal tombe amoureux fou d'une vague cousine désargentée, la ravissante Füsun, 18 printemps. Les fiançailles avec Sibel auront quand même lieu... et Füsun disparaît. Elle sera retrouvée mariée avec un ami d'enfance. Entre-temps, Kemal a rompu avec Sibel. Il consacrera le restant de sa vie à reconquérir Füsun. Cela sent le roman de gare...
Eh bien, j'affirme sans rougir les références littéraires suivantes: Freud et sa Gradiva (le délire en amour), La Princesse de Clèves (la fidélité jusqu'à la mort), les tragédies grecques (ces dieux qui nous gouvernent). Mais encore : Les mille et une nuits, Proust (!). J'en resterai là...

C'est l'histoire d'un délire, d'une chimère dans un milieu tentant de se détacher des liens avec la religion. La Turquie est un état laïc, aux traditions religieuses séculaires. Les intellectuels sont fascinés par l'Occident. Toutes ces contradictions sont remarquablement décrites par le prix Nobel de littérature 2006.

Et le musée ? Il sera constitué des milliers de petits objets dérobés par Kemal lors de ses rencontres platoniques avec Füsun. Cette monomanie le mène à la limite de la pathologie mentale. L'homme est d'ailleurs considéré comme "fêlé" ; l’amour n'est-il pas toujours une fêlure ?

Amitiés stambouliotes,
  
Guy.