Swallow me whole

Auteur : Nate Powell
Editeur : Casterman




Dans une banlieue américaine un peu terne, deux adolescents, un frère et une soeur, subissent d'étranges obsessions. Ruth voue une sorte d'adoration aux insectes, au point même d'éviter de marcher sur une pelouse pour ne pas en écraser. Perry, lui, reçoit régulièrement, au bout de son stylo, la visite d'un étrange petit magicien qui lui ordonne de devenir prophète.

L'arrivée de Swallow me whole, première oeuvre de Nate Powell, a fait grande sensation dans le milieu restreint du "graphic novel" américain où il fut primé trois fois (deux Ignatz awards et le prix Will Eisner du meilleur roman graphique). La puissance de cette oeuvre est telle qu'elle fut la seconde bande dessinée, après Maus de Spiegelman en 1992, à être finaliste du meilleur livre dans le classement annuel du Los Angeles Times.

En refermant le livre, on ressent immédiatement l'envie de tomber dans le superlatif. Or c'est un qualificatif relativement modeste qui convient le mieux pour le décrire : "envoutant". Je suis encore étonné de la facilité avec laquelle Nate Powell m'a fait entrer, comme fasciné, dans l'univers apparemment banal de deux ados mal dans leurs peaux. Le livre vous prend en douceur, mais ne vous lâche plus. Nate Powell joue habilement l'incertitude : les visions des deux adolescents sont-elles la manifestation d'une forme de folie ou revêtent-t-elles une part de vérité ? Le récit monte dans un crescendo à la lenteur parfaitement rythmée vers un final explosif où le fantastique entre de plain pied dans la réalité. Swallow me whole n'a probablement pas d'équivalent dans la bande dessinée, mais bien au cinéma : rien de moins que Donnie Darko, le film-culte de Richard Kelly.

Chronique par Geoffroy d'Ursel