Les primates nous font marcher

Auteurs : Jean-Luc & Philippe Coudray
Editeur : La Boîte à Bulles (La Malle aux Images)



Il est intéressant de noter que Jean-Luc Coudray est aussi philosophe et penseur politiquement engagé dans le "principe de Décroissance" (cf. son site Internet). Si je mentionne ce fait, c'est parce que cela se ressent dans les thèmes de son œuvre d'auteur.

Par exemple, la bande dessinée animalière Théocrite : époque à vendre (avec le même dessinateur, chez le même éditeur) traite admirablement, sous forme de gags acides, des dérives du capitalisme financier et de son impact sur le monde du travail.

Dans un registre plus existentiel, on lui doit aussi Nous sommes tous morts, un des "Patte de Mouche" (l'Association) les plus indispensables. Là aussi, la forme modeste de l'ouvrage et le graphisme simpliste de Lewis Trondheim ne laissent pas deviner un contenu mémorable, et pourtant !

Les primates nous font marcher est davantage à considérer comme un livre illustré plutôt qu'une BD. Avec sa couverture cartonnée et son dos toilé, on peut dire qu'il fait l'objet d'une édition particulièrement soignée. En feuilletant une première fois son contenu, je me suis pris à penser tour à tour au graphisme d'Inside Moebius, à celui de Tintin en Afrique, ou aux personnages caricaturaux de Gébé (l'auteur de L'An 01). C'est donc avec un intérêt certain, et sans doute trop d'attentes, que j'en ai entamé la lecture.

Il est question ici d'une mise en parallèle ironique de l'évolution du singe et de celle de l'Homme : différences, similitudes, hypothèses... qui aboutissent tantôt à de petits questionnements amusants, tantôt à des constats... assez désolants (pour l'Humanité).

Les auteurs ne vont toutefois pas au bout de leur intéressante démarche. On suit d'abord avec plaisir les phrases de Jean-Luc Coudray jusqu'à trouver quelque peu monotone ce face à face, qui se contente d'être une suite d'énumérations. Un tel projet aurait gagné à être structuré en récit, ou éventuellement à évoluer crescendo. Mais il aurait surtout gagné à être plus drôle ! Si Philippe Coudray est très appliqué aux dessins, ces derniers manquent cependant de compléter le texte avec une vraie touche humoristique supplémentaire.

Chronique par Jean Alinea