BD : Les Luchadoritos - T01 : Un mental de gravier

Auteurs : Frissen et Tanquerelle
Editeur : Les Humanoïdes Associés



L
ucha Libre est une série qui, à partir d'une kyrielle de personnages de lutteurs masqués à la mexicaine, se moque allègrement, en les mêlant à des réactions platement quotidiennes, des codes narratifs du fantastique populaire (vampires, loups-garous et autres zombies), de la science-fiction (savants fous, astronautes jumeaux) et de l'univers super-héroïque.
La saga s'est développée à la manière de Donjon, c'est-à-dire en lançant plusieurs séries parallèles dont les personnages se recoupent, occupant ici le rôle principal, là un rôle secondaire. Nous avons déjà eu l'occasion de vous dire tout le bien que nous pensions des séries Luchadores Five et Tikitis*.

Comme souvent dans les dernières parutions des Humanoïdes Associés, les différentes séries combinent régulièrement des talents américains et européens. Tel est le cas de la nouvelle branche qui vient de pousser sur l'arbre généalogique de Lucha Libre, à savoir Les Luchadoritos, dans lequel le trait enlevé de Tanquerelle (délivré de l'influence de Sfar qu'on lui avait reprochée il y a quelques années) illustre des gags en une pages concoctés par Jerry Frissen.


A travers une série de gags en une page, nous suivrons, quelque part dans une banlieue pourrie du Mexique, les tribulations de quatre gamins (une fille et trois garçons, dont un gros obsédé par la nourriture, comme dans Les 4 as - mais la comparaison s'arrête là). En réalité, seul l'un des personnages compte : Melindez, le benjamin de la bande. Ce sale gosse vantard se prend tantôt pour un champion de lucha libre, tantôt pour "El Perro Salvaje", le vengeur masqué. Il n'en finit pas de terroriser les plus petits que lui (ce qui ne fait pas grand monde). La majeure partie des gags sont issus de la confrontation entre sa mégalomanie et une réalité beaucoup trop dure et complexe pour son petit cerveau boursouflé d'héroïsme de comics.
Melindez est une sorte de Calvin sans Hobbes, c'est-à-dire privé du monologue intérieur entre le sale gamin et l'adulte ironique en lui.

Sans cette dichotomie, qui fait toute la richesse humaine et le côté attendrissant de Calvin et Hobbes, il ne reste dans Les Luchadoritos qu'un gosse horripilant. C'est sans doute la faiblesse de cet album : le lecteur n'a pas envie de ressentir la moindre compassion pour le personnage principal. Ceux que nous comprenons, par contre, ce sont les trois autres gamins, qui n'en peuvent plus. En conséquence, malgré la qualité du dessin et quelques gags très réussis, on ne se précipitera que lentement sur le second volume. Dommage.