Messire Guillaume - T03 : Terre et mère

Auteurs : de Bonneval & Bonhomme 

Editeur : Dupuis

 
 
On se disait que c’était bien parti. Après un premier tome poétique et mystérieux, empreint de magie et de tendresse dans un monde de brutes, Gwen de Bonneval au scénario et Matthieu Bonhomme au dessin nous avaient surpris en embrayant sur un second volume entièrement onirique, dans lequel le scénariste montrait en outre une bonne connaissance des mythes moyenâgeux (cliquez ICI pour lire notre chronique). Il ne manquait plus qu’un troisième tome solide pour parachever ce premier cycle et faire passer la série du rang de « prometteuse » à celui de « excellente ».  
 
C’est raté. Mélange trop léger d’Agatha Christie pour le suspense à la Cluedo, dEdgard Poe pour le coupable psycho-fantastique et de Walter Scott pour le moyen âge décoratif, Terre et mère grouille de dialogues de remplissage, de fausses pistes, de scènes inutiles. On s’en doutait un peu à la lecture du second tome, mais maintenant il n’y a plus de doute : Gwen de Bonneval, malgré un départ en fanfare, n’a jamais su où il allait.  
 
Dommage. Le trait de Matthieu Bonhomme a toujours la même saveur aérienne – moins puissante pourtant que dans Le marquis d’Ananon (avec Vehlmann), et Bonneval avait su créer quelques personnages attachants dans une ambiance énigmatique. Encore faut-il faire vivre à tout ce joli monde une histoire qui tienne la route.  
 
Soit dit en passant, nous épinglons ici un défaut propre à bon nombre de séries dans lesquelles le scénariste donne en pâture au lecteur toutes sortes de détails émoustillants, puis se laisse porter par son monde - au risque de perdre le fil et de se trouver incapable de trouver une conclusion satisfaisante (voir le scénario de Denis-Pierre Filippi pour Ethan Ringer, agent fédéral ou celui de Dugomier pour Les démons d’Alexia). Comme disait le poète : « Tant va la cruche à l’eau qu’il faut partir à point ». 
 
Chronique par Geoffroy d'Ursel