
Surtout dans la vie de Nick, son ami d’enfance. Pris dans le tumulte de l’incompréhension, ce dernier tourbillonne dans les remises en question existentielles. Cette mort-là n’est pas une mort comme les autres. Elle soulève des interrogations, elle demande des remaniements de la réalité. C’est de l’inévitable à l’état brut. Il faut s’accrocher à ce qu’on contrôle encore et s’examiner à la loupe.
Dans le passé, les zones d’ombres, les secrets, les manques, les traumatismes. Dans le présent, l’instabilité. Dans le futur, une nouvelle voie à trouver…
Un roman saisissant de virtuosité, alliant un sens extraordinaire de la structure et fluidité stylistique, qui laisse le lecteur suspendu comme un funambule à ses fins de chapitre. Eli Gottlieb a ce regard aigu qui fait de nombreux auteurs américains des conteurs hors-pair. Pas de complaisance, pas de sucre. On va droit au cœur des choses, farfouillant, remuant et mettant à jour les douleurs vives de personnages à la fois forts et fragiles. Personnages d’ailleurs taillés au couteau, palpables et portant avec eux l’odeur du vrai.
Avec Ainsi soit-il, on joue dans la cour du réalisme hypnotique des grands drames. On oublie l’usage du terme probabilité. On laisse venir et on est percuté.
Maîtrise est ici un mot-clef.
Chronique par Virginie