BD : Hayat, d'Alep à Bruxelles

H
ayat est née en 1985 en Syrie, dans le quartier d'Ashrafiye à Alep. Sa famille, de l'ethnie Doms, lointaine cousine des Roms d'Europe, doit masquer son accent et ne pas mettre en avant ses origines pour ne pas être déconsidérée et ostracisée. Mariée à 15 ans avec Mounir, plus âgé de 10 ans et surtout lâche, accro aux jeux d'argent et violent parfois, Hayat fait preuve de courage et de détermination pour s'en sortir. A partir de 2011, la Syrie est gagnée par le printemps arabe mais sombre vite dans une guerre civile dévastatrice. Hayat décide de partir avec ses enfants vers la Belgique, où ses sœurs ont déjà trouvé refuge.

Ce roman graphique a indéniablement des vertus instructives. Il permet notamment de découvrir les Doms. Pour quelqu'un qui ne se serait jamais intéressé aux réfugiés, c'est l'occasion de bien se rendre compte de l'horreur de quitter son pays contraint et forcé, et du parcours périlleux qui s'ensuit.

Le dessin de Delphine Hermans est un peu simple et semi-naïf, un peu raide parfois, mais l'ensemble reste agréable. On notera que les cadrages sont assez peu portés sur l'environnement.

Delphine Hermans et Manal Halil ont construit l'histoire d'Hayat à partir d'un assemblage de témoignages... et c'est sans doute là que cela coince : à force de compiler sur un même personnage les parcours et les péripéties d'un ensemble de femmes, le récit finit par devenir artificiel et enfiler les clichés, même si on se doute bien que des similitudes apparaissent dans ces vies bouleversées.

La lecture perd en puissance ce qu'elle a gagné en didactique. A chacun de savoir ce qu'il préfère.

Chronique par Reynald Riclet

Hayat, d'Alep à Bruxelles est une BD publiée par La Boîte à Bulles