Au milieu du XVIIème siècle, alors que
l'Espagne est encore
aux prises avec l'inquisition, qui interdit la représentation de
la nudité dans
l'art, l'Italie rayonne dans le monde pour l'érotisme de ses
œuvres. C'est à
cette période que Felipe IV, roi d'Espagne et grand amateur
d'art, décide d'envoyer
Diego Vélasquez chez nos voisins transalpins afin d'en ramener
quelques
magnifiques œuvres. Le plus fameux peintre ibérique de l'époque
se met donc en
route, accompagné de son assistant-esclave Juan de Pareja.
Jean-Luc Cornette et Matteo nous content là les deux années de ce périple pendant lequel Vélasquez visitera musées et collections privées, aidé par la recommandation du Pape Innocent X lui-même. C'est la contemplation de l'art italien qui l'incitera à réaliser son seul nu, le tableau Vénus à son miroir. Et trouver un modèle sera un des ressorts narratifs des plus intéressants.
Dans un scénario adroit et sans temps morts, Matteo adapte bien son dessin aux maîtres de l'époque, avec notamment une couleur directe d'un bel effet. Il est aisé de prendre plaisir dans cette BD et cette Italie, délurée pour l'époque, dans laquelle les esprits s'ouvrent et s'orientent vers les lumières.
Si les BD sur des peintres fleurissent depuis quelques temps, Vénus à son miroir est à ranger dans la catégorie des réussites. Certainement parce que ses auteurs ont choisi de se limiter à une période courte et à un angle particulier. Ce n'est pas à tout coup gage de chef-d'œuvre mais cela évite le survol précipité d'une vie, en retirant ainsi tout le sel et la complexité.