Notre époque pullule de bas du front, dont certains se présentent même aux élections présidentielles, qui se gargarisent d'un prétendu grand "roman national" qu'il ne faudrait pas écorcher, sous peine de diminuer la "grandeur de la France". Pour ces pauvres petits êtres, rien ne doit ternir cette image. Se repentir de l'esclavage, de la colonisation, de massacres est pour eux une atteinte à ce qui fait leur fierté, à leur "identité".
Lire (ou écouter lire) Azincourt par temps de pluie est donc rafraichissant si vous n'appartenez pas à cette frange (fange ?) de la population. Car si la France a connu des déculottées, Azincourt est stratosphérique ! Nous sommes passés à deux doigts même de pouvoir nous passer de la Révolution pour nous débarrasser de la noblesse... Diantre, ça fait mal au grand peuple !
En aout 1415, Henry V d'Angleterre comprend qu'il ne pourra conquérir la France et commence à se replier pour rejoindre Calais et embarquer vers sa verte Albion. Le 24 octobre, les Français, menés par Charles d'Orléans, décident d'attaquer les Anglais coincés entre deux bois, dans un champ boueux. Toute ou presque la noblesse est prête à écraser ces envahisseurs affamés et en guenilles, alors qu'elle est en pleine forme, armée jusqu'aux dents et dix fois plus nombreuse.
Jean Teulé, fidèle à lui-même, s'empare de ce fait historique pour en tirer un court roman vif et souvent drôle. Au milieu d'une boucherie décrite parfois de façon gore, il parvient à nous faire rire ou à minima sourire, tant la situation est grotesque. La fatuité, l'arrogance et finalement l'amateurisme de ces seigneurs qui se font dégommer par une poignée de soldats mieux préparés et dirigés font échos également à notre présent politique. Nous retrouvons bien l'assurance des prétendants au pouvoir, sûrs d'eux, appuyés par des médias, certains de la victoire, et qui se prennent des raclées mémorables.
L'auteur mélange habillement vocabulaire moyenâgeux, expressions contemporaines ainsi que des vers de Charles d'Orléans. Une des belles trouvailles du livre est sans nul doute Fleur de Lys, putain de l'armée, contre-point sensible et lucide (mais jamais écouté) à toute la monstruosité environnante, à la masculinité viriliste finalement.
Dans la version livre audio, la lecture de Dominique Pinon, comédien qui a tourné avec les plus grands réalisateurs et au pouvoir comique indéniable, sert bien la dualité horrible/risible de cette "pochade tragique" et historique.
Lire (ou écouter lire) Azincourt par temps de pluie est donc rafraichissant si vous n'appartenez pas à cette frange (fange ?) de la population. Car si la France a connu des déculottées, Azincourt est stratosphérique ! Nous sommes passés à deux doigts même de pouvoir nous passer de la Révolution pour nous débarrasser de la noblesse... Diantre, ça fait mal au grand peuple !
En aout 1415, Henry V d'Angleterre comprend qu'il ne pourra conquérir la France et commence à se replier pour rejoindre Calais et embarquer vers sa verte Albion. Le 24 octobre, les Français, menés par Charles d'Orléans, décident d'attaquer les Anglais coincés entre deux bois, dans un champ boueux. Toute ou presque la noblesse est prête à écraser ces envahisseurs affamés et en guenilles, alors qu'elle est en pleine forme, armée jusqu'aux dents et dix fois plus nombreuse.
Jean Teulé, fidèle à lui-même, s'empare de ce fait historique pour en tirer un court roman vif et souvent drôle. Au milieu d'une boucherie décrite parfois de façon gore, il parvient à nous faire rire ou à minima sourire, tant la situation est grotesque. La fatuité, l'arrogance et finalement l'amateurisme de ces seigneurs qui se font dégommer par une poignée de soldats mieux préparés et dirigés font échos également à notre présent politique. Nous retrouvons bien l'assurance des prétendants au pouvoir, sûrs d'eux, appuyés par des médias, certains de la victoire, et qui se prennent des raclées mémorables.
L'auteur mélange habillement vocabulaire moyenâgeux, expressions contemporaines ainsi que des vers de Charles d'Orléans. Une des belles trouvailles du livre est sans nul doute Fleur de Lys, putain de l'armée, contre-point sensible et lucide (mais jamais écouté) à toute la monstruosité environnante, à la masculinité viriliste finalement.
Dans la version livre audio, la lecture de Dominique Pinon, comédien qui a tourné avec les plus grands réalisateurs et au pouvoir comique indéniable, sert bien la dualité horrible/risible de cette "pochade tragique" et historique.
Chronique par Reynald Riclet
Roman paru aux éditions Mialet Barrault pour la "version papier", et chez Gallimard - collection "Ecoutez lire" - pour la version audio (1 CD mp3).
A lire aussi, notre avis à propos de Crénom, Baudelaire !, livre précédent de Jean Teulé.