BD : Le triskel volé

Depuis les années 1990, le nom de l’espagnol Miguelanxo Prado et son dessin reconnaissable d’entre mille sont devenus incontournables pour de nombreux amateurs-connaisseurs en bande dessinée. Les parutions de cet auteur étant rares, on savoure… même si c’était, ces dernières années, parfois principalement pour la beauté des planches. 


Avec ce Triskel volé, le scénario est lui aussi  appréciable. Oh, ne vous attendez pas à un chef d’oeuvre introspectif de la trempe d'un Trait de craie, car Prado nous emmène cette fois dans un récit divertissant, de genre fantastique, aux consonances aussi mythologiques (celtes) qu’écologiques. Sans révolutionner le genre, il nous tient en haleine, se fait et nous fait plaisir. De nouvelles physionomies caricaturales, charismatiques, prennent vie sous ce trait qui semble quelquefois un peu influencé par celui d'Egon Schiele. Une maîtrise des aquarelles  permettent quant à elles au dessinateur de ne souvent qu'évoquer le décor et d’épurer les cases de détails. Classe. Impressionnant. Normal, c’est du Prado.


Enquête et magouilles dans les bibliothèques universitaires, arrière-salles d’antiquaires et dans quelques villas ostentatoires ; découverte de pouvoirs occultes... voilà qui compose le menu de cette BD.


Arthur, étudiant universitaire, trouve, en faisant l’inventaire d’ouvrages oubliés, le journal d'un professeur discrédité. Les recherches de cet homme semblaient axées sur l’analyse d’une mystérieuse pièce archéologique celtique et la résurgence d'un ordre ancien, peuplé d'anges et de démons. Étrange coïncidence avec l'apparition récente d’inscriptions runiques sur les arbres de la forêt, comme gravées dans les écorces par des insectes.

Cet album, qui peut se lire comme un one-shot, comporte des éléments non-exploités qui semblent suggérer qu’une suite est possible. Je la trouve même souhaitable.

Chronique par Joachim Regout