"Nos yeux se renvoient la lumière
Et la lumière le silence
A ne plus reconnaître
A survivre à l'absence."
"Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin
Ciel dont j'ai dépassé la nuit
Plaines toutes petites dans mes mains ouvertes
Dans leur double horizon inerte indifférent
Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin
Je te cherche par-delà l'attente
Par-delà moi-même
Et je ne sais plus tant je t'aime
Lequel de nous deux est absent."
"Je me suis séparé de toi
Mais l'amour me précédait encore
Et quand j'ai tendu les bras
La douleur est venue s'y faire plus amère
Tout le désert à boire
Pour me séparer de moi-même."
"J'ai fermé les yeux pour ne plus rien voir
J'ai fermé les yeux pour pleurer
De ne plus te voir.
Où sont tes mains et les mains des caresses
Où sont tes yeux les quatre volontés du jour
Toi tout à perdre tu n'es plus là
Pour éblouir la mémoire des nuits
Tout à perdre je me vois vivre."
"Rouge amoureuse
Pour prendre part à ton plaisir
Je me colore de douleur.
J'ai vécu tu fermes les yeux
Tu t'enfermes en moi
Accepte donc de vivre.
Tout ce qui se répète est incompréhensible
Tu nais dans un miroir
Devant mon ancienne image."
"Il fallait bien qu'un visage
Réponde à tous les noms du monde."
Seconde salve d'extraits de L'amour la poésie de Paul Eluard (paru en 1929, suite du recueil Capitale de la douleur, les deux étant aujourd'hui réédités en un seul volume chez Gallimard). Après des élans passionnés et inspirés par et pour son épouse, Helena Diakonova, à qui il avait donné le surnom Gala, on y découvre les sentiments torturés lorsqu'elle le quitta pour le peintre Salvador Dali.