"A l’intérieur de mon ventre, à l’intérieur de mon ventre,
je tente le prodige, là, en dedans : fabriquer du positif,
faire de mes regrets d’hier du fumier où poussent les rêves,
garder sur mes lèvres le bon goût des bonbons au miel…
Quotidiennement, je creuse plus profond dans la mine,
en moi, en dedans, je cherche les raisons de me réjouir,
mais chaque fois qu’un écran s’allume, je les oublie aussi vite ;
chaque fois que la musique laisse la place aux journalistes,
aux images, aux infos, au zapping, aux articles,
aux actualités d’hier et d’aujourd’hui, aux annonces tragiques :
meurtres, massacres, viols, génocides…
J’ai mal mais je ne peux pas détourner les pupilles,
comme un jeu masochiste : je regarde, j’écoute, je lis ;
besoin viscéral de savoir, de me confronter au pire,
essayer de comprendre le noir, le sombre, la nuit,
l’horreur froide de l’homme qui s’égare, qui s’oublie.
Tout a commencé avec le Rwanda,
tout a commencé avec ces mots-là :
Hutu
Tutsi"
Tram 25 c'est un trajet. Le parcours démarre d'une prime jeunesse campagnarde et ennuyeuse à la découverte de la ville, des autres dans leur diversité, de l’université aux classes d’alphabétisation, des quartiers huppés aux plus défavorisés. Devenant femme, sa plume se met à slammer une poésie tour à tour passionnée, dépitée, révoltée, rassembleuse, thérapeutique.
"Je marche, me balade jusqu’au bout de cette interminable pluie,
et ces flaques d’eau qui éclaboussent ma ville humide ;
Je marche, cours entre les gouttes, la drache, la grêle, le crachin
Je marche, cours entre les gouttes, la drache, la grêle, le crachin
et toute la gamme des cinquante nuances d’un temps de chien ;
Je marche, erre pour oublier mes tâtonnements, mes déroutes
et essayer de laisser derrière ces foutus doutes ;
Je marche, puisqu’il paraît que la lumière est au bout de la route,
je la cherche, j’avance, je cours, je trébuche…
Je marche, je marche, je marche sinon j’étouffe !"
C'est frais, même dans la gravité, fluide dans la sincérité, ça vous ouvre l'esprit et le coeur, même si l'artiste se permet quelques stigmatisations négatives trop faciles de certaines professions.
A noter que l'album audio est disponible sur Bandcamp à prix libre.
Et que l'écoute en ligne est gratuite...
Tout pour vous permettre de faire très aisément cette belle découverte.
Tout pour vous permettre de faire très aisément cette belle découverte.
Chronique par Joachim
