Lectures d'OCTOBRE 2017

BD : Lubin est un jeune artiste équilibriste qui, suite à une chute, ne se réveille plus qu’un jour sur deux. Un “lui” très différent, plus “sérieux”, prend dès lors sa place durant cette autre partie du temps… qui a tendance à s’amplifier. Schyzophrénie ? Il devra s’arranger avec son double par vidéo interposée pour l’organisation de leur vie, tout ça impactant bien évidemment négativement ses projets de spectacle, sa vie amoureuse et la place auprès de ses proches. 

Une idée de base solide, un questionnement existentiel, le tout très bien développé sur un seul volume. Le dessin est pleinement au service de la narration, mais manque par contre un peu d’originalité et de saveur. (Par Timothy Le Boucher, publié chez Glénat)

BD : Cette intégrale d'un pan - jusqu'ici inconnu chez nous - de l'oeuvre d'Alejandro Jodorowsky n'aurait pas été éditée sans l'imposante carrière qu'on lui connaît, puisqu'elle rassemble toutes les planches, qu'il a maladroitement narrées et dessinées lui-même pour un journal mexicain, entre 1967 et 1973. Ces "fables" d'une page, très "pop", matinées de réflexions mystico-philosophico-zen (qu'il développera mieux plus tard), amuseront sans doute les fans inconditionnels de l'artiste à qui l'on doit les films cultes El Topo et La montagne sacrée, la pléthore de scenarii de BD (dont L'Incal), des pièces de théâtre, des romans, des essais ou encore une vision thérapeutique du tarot de Marseille qui fera date. 

Ce Fables paniques (éditions Actes Sud - l'An2) constitue une preuve de plus que Jodo a toujours préféré produire abondamment et sans complexes plutôt que rester inactif, l'ensemble de son oeuvre étant dès lors jalonné du meilleur comme du pire. 

A (re)découvrir : notre grand dossier qui lui est consacré, comprenant une biographie, des interviews, une remise en perspective de son jeu de cartes dans l'histoire du tarot, et bien entendu des avis de lecture.

ROMAN (COUP DE CŒUR) : Un récit moyenâgeux alliant la saveur d'un langage d'époque à une réelle poésie de l'image et du style. La Terre qui penche est un roman violent, charnel, mais aussi empli d'une forte sensibilité, de celle qui touche aux sens, pas qu'aux émotions, qui ouvre les yeux sur la nature, sa sauvagerie, sa beauté. C'est aussi le sacre du féminin, l'éclosion d'une femme. C'est le regard perspicace d'une enfant douce et brutale, fragile et tenace. (par Carole Martinez, disponible en poche chez Folio) Notre avis complet est à lire ICI.


JEUNESSE : Les éditions Père Castor - Flammarion proposent une nouvelle compilation judicieuse de récits courts pour l'heure du coucher des 3 à 5 ans. Chaque rabat de couverture présente le sommaire, avec un micro-résumé de chaque histoire et le temps qu'il vous prendra de la raconter. Pratique. Notre préférence va à L'histoire du soir de Laurence Gillot, Philippe Thomine et Marc Boutavant, ainsi qu'au Croqueur de cauchemars de Kochka et Thomas Baas.
JEUNESSE (livre-jeu) : Un conte de Paul Thiès qui semble avoir été déjà vu mille fois, des images et personnages attrayants mais pas particulièrement originaux signés Dario Cestaro, des règles d'un jeu de l'oie revisité, l'intérêt principal de l'ouvrage aurait dû être cet impressionnant plateau dont le château et le dragon se déploient en pop-up. Oui, sauf que là aussi, le livre n'est pas bien conçu car il a tendance à se refermer avant même d'entamer la partie, cela à cause de l'épais dos en carton. Et placer des poids stabilisateurs ne se fera pas sans gêner le parcours des joueurs.  (éditions Père Castor - Flammarion)