JEUNESSE : Le BGG

Auteurs : Dahl et Blake
Editeur : Gallimard Jeunesse

(A partir de 9 ANS)

Sophie ne rêve pas, cette nuit-là, quand elle aperçoit de la fenêtre de l'orphelinat une silhouette immense vêtue d'une longue cape noire et munie d'une curieuse trompette. Une main énorme s'approche... et la saisit. Et Sophie est emmenée au pays des géants. Terrifiée, elle se demande de quelle façon elle va être dévorée. Mais la petite fille est tombée entre les mains d'un géant peu ordinaire : c'est le BGG, le Bon Gros Géant, qui se nourrit de légumes, et souffle des rêves dans les chambres des enfants.

"Les rêves, dit-il, sont des choses mystérieuses. Ils flottent dans les airs comme de petites bulles fines et floues en cherchant sans cesse des gens qui dorment."

Parmi toutes les histoires que le génial auteur britannique a écrites, celle du BGG était sa préférée. C’est celle qu’il racontait le plus souvent à ses enfants et, plus tard, à ses petits-enfants. Certains soirs, au moment où ils s’endormaient, l’écrivain s’amusait à se hisser sur l’échelle posée en bas des fenêtres de leur chambre, et une fois à leur hauteur, à souffler à pleins poumons en direction de leur lit à l’aide d’une trompette imaginaire.

Originellement publié en 1982, Le BGG fait aujourd'hui l'objet d'une nouvelle édition au grand format et tout en couleurs, à l'occasion du centenaire de la naissance de son créateur. Le personnage avait hanté Roald Dahl pendant plusieurs décennies. Une première ébauche se trouve dans le “livre d’idées” que tenait l’écrivain dans les années 1960. Destiné alors aux adultes, le BGG capturait les pensées et les idées des hommes par la force, directement dans leur cerveau. Il apparaît ensuite en version adoucie dans un chapitre de Danny, avant de prendre sa forme définitive dans une histoire spécifique, dont le héros est un petit gaçon appelé Jody. C’est au moment de dactylographier son manuscrit que Dahl transformera son héros en une héroïne.


Quentin Blake, illustrateur attitré, confie : "Avez-vous déjà vu les premiers dessins en noir et blanc que j’ai faits pour Le BGG ? Ils sont la clé de l’histoire. C’était un roman plus long que les précédents, et on m’a demandé de réaliser douze dessins pour l’illustrer, ce que j’ai fait. Roald a dû tomber dessus, et les a trouvés plutôt bons. Mais on les a portés à l’imprimeur, qui m’a appelé dans la foulée en me disant : "Dahl est mécontent. Il pense qu’il faut plus de dessins." Alors je me suis remis à ma table de dessin et pendant trois jours j’ai dessiné tant que j’ai pu, pour illustrer les têtes de chapitres, les espaces blancs, en touchant le moins possible à la mise en page du texte qui attendait à l’imprimerie. Trois jours sans m’arrêter, et le jour d’après, je reçois un nouveau message : "Dahl n’est toujours pas content. Il pense qu’il n’y a toujours pas assez de dessins !" Roald me tenait alors pour le responsable de la chose, il pensait que je ne me donnais pas assez de mal… Jusqu’à ce qu’il apprenne que je n’étais pas payé que 300 livres sterling pour l’ensemble du livre, et pas une de plus pour ces dessins supplémentaires ! Fidèle à son caractère, il a hurlé dans le bureau de Tom Maschler pour me négocier un meilleur contrat. Et il m’a invité à Great Misenden pour que nous reprenions tout depuis le début, afin d’intégrer des dessins au sein même du texte. 

Cétait la première fois que je me rendais chez lui. Pour les deux livres précédents, nous ne nous étions croisés que dans les bureaux de notre éditeur. Donc on peut dire que ce fut un moment clé dans notre relation. Le début d’une forme de complicité. Et après nos échanges, le livre est devenu meilleur - c’est comme les bons plats, ils sont souvent meilleurs une fois réchauffés ! (...) En voyant mes dessins, Roald s’est rendu compte qu’il fallait changer l’allure de son géant. Dans la version originale, il portait un grand tablier de cuir et des cuissardes."

Jean-François Ménard, traducteur du BGG : "Dahl est un grand musicien. Son écriture est fondée sur les allitérations, les assonances, les coq-à-l’âne… Mon défi, en tant que traducteur, a été de parvenir à recréer cette musicalité dans un contexte français. (…) Pour Le BGG, j’ai commencé par établir un lexique avec tous les mots que Dahl a inventés. Pour chacun des mots de la liste, j’ai essayé de trouver des équivalents français. Par exemple, pour "snozcumber" - un jeu de mots sur "cucumber" (concombre) - , je me suis servi de la sonorité de "schnock", assez proche de “snoze”. En alliant les deux, j’ai obtenu "schnockombre" ! 

  J’ai eu plus de mal avec "human bean" (pour "human being" : être humain)… Mais j’ai fini par trouver la solution (homme de terre). Faire ce lexique a été une étape essentielle : il m’a permis de m’imprégner de la langue du BBG, de trouver une certaine fluidité…"

Songes, inventions, géants, cannibales et personnage bienveillant, tout l’univers de l’enfance se cristallise dans ce conte, devenu un classique de la littérature de jeunesse et porté au cinéma par Steven Spielberg, en 2016.







Extraits d'entretiens issus du livre 
Roald Dahl, le géant de la littérature jeunesse 
(également publié par Gallimard)