Editeur : Flammarion
L'amour
est à la fois chose unique et sans pareille, à la fois écueil tragique
de clichés fatigués, à la fois croisements hérissés, frottements
incongrus, ennuis sinistres, passions folles vite émoussées,
incompréhensions, inégalités... L'amour semble tout et rien en même
temps, dans cette galerie pluvieuse de personnages interconnectés qui
s'expriment dans Heureux les heureux.
Dans
cette succession de portraits à la première personne, on trouve peu,
presque rien à quoi s'attacher vraiment. Pourtant tous les personnages
se connaissent de près ou de loin, se fréquentent, s'abiment, se
blessent, s'abandonnent. Et s'ennuient terriblement, on dirait. Leurs
vies un peu pitoyables sillonnent les routes des déclinaisons
amoureuses, des tragédies, de la morne vacuité. Le rythme est
intéressant, on passe de l'un à l'autre, chacun parlant de lui-même ou
d'un autre (qui est son amant mais aussi le mari de..., elle-même
maitresse de... et collègue de... et ainsi de suite tout du long), on
fait des liens, on imagine les ellipses. L'écriture est fluide,
dynamique. Et pourtant le tout passe avec une certaine grisaille, sans
vraiment laisser de marque.
Heureusement,
cette version audio met en voix et anime, ce qui donne au récit plus de
chaleur qu'il n'en aurait à la base. Mais, en fin de compte, peu de
personnages sont suffisamment interpellants ou charismatiques pour
insuffler à l'ensemble la dose d'humour ou de profondeur qui viendraient
accentuer les contrastes trop légers du roman.
Chronique par Virginie