BIOGRAPHIE de HERMANN

De son vrai nom Hermann Huppen, Hermann est né en Belgique à Bévercé, petit village des Ardennes proche de Liège et de la frontière allemande, le 17 juillet 1938. Dessinateur et scénariste autodidacte, il se lance dans la bande dessinée au milieu des années 60 en intégrant le studio Greg, où il réalise quelques récits courts dont un épisode des Belles histoires de l’Oncle Paul. Assez rapidement, en tandem avec Greg au scénario, il conçoit à partir de 1966 la série d’aventures Bernard Prince  pour l’hebdomadaire Tintin.

D’emblée, Hermann pose dans cette série réaliste les bases de ce qui s’imposera bientôt comme son style, sa marque : une bande dessinée physique et intense, parfois presque violente, un sens consommé des ambiances, un talent peu commun pour suggérer les matières, une énergie omniprésente. La vitalité d’Hermann devient le signe distinctif de l’empreinte, éminemment personnelle, qui le distinguera pour toujours du reste de ses confrères.

Dès lors, installé dans la faveur des lecteurs de tous âges grâce au succès immédiat de Bernard Prince  (une douzaine d’albums égrenés au fil des années '70 aux éditions du Lombard), Hermann s’essaie tour à tour à presque tous les registres, tous les sujets, avec un appétit boulimique et un égal bonheur. L’Histoire antique avec le scénariste Jean-Luc Vernal dans Jugurtha  ou plus tard médiévale et en solo dans Les Tours de Bois-Maury  (dix volumes chez Glénat), le western à nouveau en tandem avec Greg dans le remarquable Comanche (une dizaine de titres également au Lombard), sans oublier la science-fiction, incontournable dans la bande dessinée des années '70 et '80, avec ce qui reste peut-être sa série fétiche dans l’esprit d’innombrables lecteurs : Jeremiah


Seul aux commandes de cette oeuvre fleuve (près de 35 volumes successivement parus chez Fleurus, Hachette, Novedi et Dupuis, et aujourd’hui tous repris chez Dupuis), Hermann déploie une peinture saisissante et pessimiste d’une Amérique du futur dévastée, cruelle, où des personnages sauvages souvent dénués de toute morale s’affrontent, sans but, dans les décombres d’un monde en déréliction.

Sur le plan technique, une transition importante s’opère lorsque Hermann délaisse la plume pour l’aquarelle. Il développe dès lors une esthétique différente, où la hachure et l’épaisseur du trait cèdent le pas aux masses de couleur et où le travail de lumière, auparavant sculpté avec des rehauts de plume, va se retrouver désormais porté par l’intensité de l’aquarelle.

Définitivement consacré comme une valeur majeure de la bande dessinée réaliste d’aventures et d’action, et toujours habité par la fièvre de dessiner sans relâche, Hermann privilégie à partir des années '90 les one shot  (Missié Vandisandi, Sarajevo Tango, On a tué Wild Bill, Caatinga, parmi beaucoup d’autres), de plus en plus souvent en tandem avec son fils Yves H., qui prend désormais en charge de nombreux scénarios.

Nourri de la fidélité de ses lecteurs comme de ses éditeurs de toujours, son parcours exceptionnellement prolifique se poursuit encore aujourd’hui. 

En 2016, il se voit attribué - enfin ! - le Grand Prix du 43e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême pour l'ensemble de son œuvre. Mieux vaut tard que jamais.