Wilfrid Lupano
se lance dans l’exercice du détournement “adulte” d’un conte
plus-que-classique, puisqu’il s’agit de Blanche-Neige. Là où de nombreux
auteurs se seraient contentés d’un pastiche à l’humour grivois pour se
défouler un peu, le scénariste des Vieux Fourneaux s’est lancé dans
l’aventure en consolidant la trame de base avec de solides trouvailles.
Ainsi, le lecteur adulte aura enfin les réponses qu’il s’était peut-être
posées quand il était enfant : pourquoi les nains vivent-ils reclus
dans les bois ; pourquoi le miroir de la méchante reine parle-t-il ;
d’où sort le “prince charmant”… ?
Bien sûr, si vous n’êtes pas
prêt(e) à perdre vos illusions ou si vous êtes très attaché(e) à la
version disneyisée, ne lisez pas cet album, car l’ambiance y est sombre,
la féérie annihilée et l’humour grinçant, voire cruel, la
reine-sorcière n’ayant pas le monopole de la méchanceté.
Graphiquement,
à défaut de grande originalité, tout est parfaitement adapté à
l’histoire : les mises en pages de Jérôme Lereculey sont narrativement
efficaces, les dessins semi-réalistes et les trognes de Roberto Ali
maîtrisés, expressifs et les couleurs de Lou viennent y poser les
atmosphères justes.
N.B.
: Cet album s’inscrit dans une collection composée d’histoires
complètes réalisées par différents auteurs, sans autre rapport entre
elles que l’unité numérologique autour du sept. Le lien entre Sept
Dragons, Sept Clones, Sept Détectives, Sept Pistoleros ou encore le
présent Sept Nains n’est donc qu’une présentation marketing et non un
concept de fond.
Chronique par Jean Alinea