Editeur : Delcourt
Jean
habite chez sa mère et est animateur bénévole pour personnes
handicapées. Ecorché vif, angoissé, le jeune homme fait aveu de ses
nombreuses faiblesses, mais questionne cette “normalité” que la société
nous force à adopter. Un récit truffé d’anecdotes interpellantes avec
les “vacanciers” - qui semblent avoir été vécues par l’auteur. Et puis
aussi des réflexions du protagoniste à propos de la famille et du
parcours de son père, mort d’un stupide et tragique accident de
travail.
Extrait : “J’ai pas envie de trouver un “vrai boulot”,
comme s’il pouvait y avoir des faux boulots. Mon père s’est levé tous
les jours à 6h du matin pour aller à son travail, en RER d’abord. Et
puis il a voulu changer de boîte plus loin, meilleur salaire, il a dû
emprunter pour acheter une voiture. Qui dit voiture dit garage, on a dû
déménager dans une banlieue avec garage. On était tous empilés les uns
sur les autres, même pizzeria le samedi soir, même ciné, même horaire
pour faire ses courses. J’veux pas ressembler à mon père.”
On
aurait aimé que ce récit aille un peu plus loin. Que l’accent soit
parfois mis un peu plus sur ce que parviennent à transmettre certaines
personnes handicapées (comme le dénommé Steve ici) plutôt que sur
l’émotivité maladive de l’anti-héros. Quant à la dénonciation du pouvoir
organisateur, cela reste timide. Plaisant à lire, Un faux boulot
enfonce plutôt des portes ouvertes alors qu’il y avait matière à nous
remuer.
Chronique par Jean Alinea