Editeur : La Table Ronde
Jérôme
Soligny est musicien, compositeur (il a écrit pour Etienne Daho, entre
autres), romancier et journaliste pour la presse rock. On lui doit
également plusieurs ouvrages sur David Bowie et un sur Françoise Hardy.
Ce
livre-ci s’attarde principalement sur les liens qu’a pu entretenir Bowie avec le continent européen : sa passion pour Brel, Rodin,
Corot, Cocteau, Artaud et de nombreux écrivains français, ses séjours au
château d’Hérouville où il enregistra les albums Pin-Ups et Low, sa
période “berlinoise” avec Iggy, les gitanes qu’il a longtemps fumées, la
publicité qu’il a tournée pour une célèbre marque d’eau, la Suisse où
il a habité, sans parler de ses rapports d’influence avec les créateurs
de mode (qui lui ont conçu des costumes mais qu’il a également
influencés). Je m'étonne par contre qu'il n'y ait pas de mention du Marcel Marceau, dont l'art du mime a eu une forte répercussion sur le jeu de scène du jeune David.
Edité à l’occasion de l’exposition Bowie Is à la
Philarmonie de Paris en 2015, l’ouvrage met fort (trop) l’accent sur la
France, regroupe deux textes de conférences de l’auteur (dont une
carrière retracée sous l’angle guitaristique), un “abécédaire français”, la liste de tous les concerts que l’icône du rock a donnés dans l'Hexagone... Sont aussi regroupés ici des témoignages et impressions d’organisateurs
et artistes (Air, Guy Peelaert, Fred Chichin, Laurent Garnier…) ou
encore quelques portraits photographiques durant des concerts de 1996 et
1999 qui ne combleront que le fan acharné.
Les admirateurs plus modérés
ne bouderont toutefois pas complètement leur plaisir, grâce à certaines
anecdotes truculentes : on s’amuse par exemple de la probabilité que ce
soit Bowie qui ait poussé Amanda Lear à chanter (hum, embarrassant…) ;
on apprend que
l’énigmatique phrase “Zane Zane Zane, ouvre le chien” - qui clôt le
morceau All the madmen (1970) - était une mise en parallèle entre les visions
du frère du chanteur et le type d’images d'Un chien andalou (film de Luis Buñuel, 1929) ; que la chanson Quicksand (1971) fait allusion à Aleister Crowley, A small plot of land (sur l’album Outsider de 1995) à l’essai Mille Plateaux - Capitalisme et schizo-phrénie de Gilles Deleuze et Félix Guattari ; etc.
Ce pot-pourri bowien de poche semble s’adresser aux
connaisseurs à qui il manquerait encore l’une ou l’autre information
facultative sur la star britannique, son parcours audacieux et ses coups de génie.
Chronique par Joachim