Editeur : Gallimard (Folio Junior)
(A lire de 10 à 110 ANS)
"La poésie
véritable s'accommode de nudités crues, de planches qui ne sont pas de salut,
de larmes qui ne sont pas irisées. Elle sait qu'il y a des déserts de sable et
des déserts de boue, des parquets cirés, des chevelures décoiffées, des mains
rugueuses, des victimes puantes, des héros misérables, des idiots superbes,
toutes les sortes de chiens, de balais, des fleurs dans l'herbe, des fleurs sur
les tombes. Car la poésie est dans la vie (…)"
Paul
Eluard, poète surréaliste et adepte du dadaïsme, n'est plus à présenter.
Engagé, il était poète plutôt qu'"un" poète. Manière de vivre,
manière d'être, exaltation du désir, son style, son langage transforme avec
limpidité des éléments qui pourraient sembler illogiques ou n'avoir aucun lien
entre eux. Sens de l'image aigu, pétri de délicatesse.
C'est
pourquoi présenter ici une sélection de ses textes pour les plus jeunes lecteurs
semble particulièrement pertinent. Il ouvre d'autres portes, pousse
l'imaginaire dans des recoins fabuleux.
"Le froid le ciel
diluent le vent
Le soleil blanc le fait
sourire
Comme un filet d'eau
Fait sourire un
pré."
On
retrouve dans ce recueil le célèbre Liberté mais également des extraits
de : Premiers poèmes, Poésie
ininterrompue, Les Mains Libres, Poésie et vérité, Donner à voir, La vie
immédiate, Capitale de la Douleur,… Textes choisis par Camille Weil, le tout
discrètement illustré par Julia Wauters. Pas simple de faire une telle
sélection mais cette dernière se crée sur la durée d'écriture d'Eluard et balaie
différents thèmes pour que chacun s'y retrouve.
"Tes yeux sont
revenus d'un pays arbitraire
Où nul n'a jamais su ce
que c'est qu'un regard
Ni connu la beauté des
yeux, beauté des pierres,
Celles des gouttes
d'eau, des perles en placard,
Des pierres nues et sans
squelette, ô ma statue,
Le soleil aveuglant te
tient lieu de miroir
Et s'il semble obéir aux
puissances du soir
C'est que ta tête est
close, ô statue abattue
Par mon amour et par mes
ruses de sauvage.
Mon désir immobile est
ton dernier soutien
Et je t'emporte sans
bataille, ô mon image,
Rompue à ma faiblesse et
prise dans mes liens."
Que
la poésie ne s'éteigne jamais, ni dans nos écoles, ni dans nos vies…
Chronique par Virginie