Auteur : Pujade-Renaud
Editeur : Actes Sud
Par
une nuit glacée, Anne-Marie des Ursins, camarera mayor à la cour
d’Espagne, se voit congédier par la seconde épouse du roi Philippe V.
Venue à la rencontre de cette Elizabeth Farnèse de Lombardie afin de
l’accompagner dans son entrée au pays en tant que nouvelle souveraine,
elle n’en sera pas moins chassée sans ménagement et quittera
définitivement l’Espagne pour un exil en France puis en Italie.
Longtemps
femme d’influence, Anne-Marie des Ursins se voit donc éloignée et avec
elle l’ascendant français sur la cour d’Espagne. Elisabeth Farnèse,
seconde épouse d’un roi indécis, par le biais d’alliances et de
manigances, sera celle qu’il écoutera désormais le plus. Femmes de
pouvoir, femmes de sensibilité, femmes de doutes, femmes d’ambition,
longtemps les deux ennemies qui ne se seront jamais connues reviendront
sur cette fameuse nuit à Jadraque où le cours de l’Histoire a pris un
tournant inattendu. Au travers de leurs regards mais aussi ceux des
témoins – souvent féminins – de leurs destinées, le récit des rivalités,
des deuils, des intimités et des questionnements se tisse lentement,
minutieusement. Il retrace ainsi des décennies d’histoire de la
monarchie française, des relations fluctuantes entre Bourbons et
Habsbourgs.
Ouvrage écrit dans un langage délicat et
délié, se moulant avec style sur les tourments d’une époque incroyable.
Claude Pujade-Renaud ne semble rien omettre de sa passion pour ce
conflit et cette rivalité d’antan, n’évitant pas toujours les
redondances à trop vouloir donner la parole à tous les protagonistes.
Hormis ces quelques longueurs, ce livre est d’une grande beauté et d’une
saisissante érudition. Il y plane, de plus, ce subtil parfum de néroli,
essence de fleur de l’oranger bigaradier, que la princesse des Ursins "inventa" (nom inspiré de sa contrée de Nérola) et rendit célèbre tant
elle en imbibait ses mouchoirs.
Un roman qu’on
qualifiera donc d’historique, s’inscrivant un peu, mais avec sa touche
féminine, dans la lignée des Rois Maudits de Maurice Druon.
Chronique par Virginie
