"Quand cette profonde envie d’écrire mes propres scénarios m’a pris, je n’avais pas de personnage en vue. Je me suis mis à me creuser la tête en me demandant ce qui avait marqué mon imaginaire. Et je me suis rappelé de Ravage, un excellent bouquin de Barjavel, dont l’action se situe après une guerre atomique."
Hermann ne renie pas non plus l’influence du cinéma de Fellini (auquel il a encore rendu hommage récemment dans le collectif Souvenirs de films, paru au Lombard. Cf. image à droite) : "Je suis très sensible à son univers qui est à la fois clownesque et inquiétant.” ; ni la difficulté, au départ, de s’émanciper complètement de la série Comanche, à laquelle il avait cessé de participer : "J’étais tellement marqué par Greg qu’il m’était difficile de faire une BD diamétralement opposée. Je me sentais moins déstabilisé en continuant un peu le climat du western."
Après le franc succès de La nuit des Rapaces, qui le conforte dans sa détermination à écrire lui-même les histoires qu'il dessine, le but de Hermann deviendra "faire de Jeremiah une sorte de balade à l’américaine, sur fond de poésie rude, sans sensiblerie car j’ai horreur des violons pleurnichards. Il ne faut pas confondre sensibilité et sensiblerie. Je ne rejette pas le petit détour du côté de la tendresse, et je crois l’avoir fait à travers le personnage de l’idiot du village dans cet épisode. Mais j’ai refusé le "happy end", parce qu’alors, selon moi, tout retombe à plat."
L'opposition qui existe entre ses personnages principaux se fait aussi flagrante :
"D’un côté, il y a Jeremiah, un peu boyscout, un peu Tintin, et de l’autre Kurdy, un petit voyou, mais pas antipathique. A eux deux, ils forment le Bien et le Mal. En réalité, ils ne forment qu’une seule et même personne… qui est probablement moi. Je crois que je serais capable d’abattre une crapule, même dans le dos. Et Kurdy, c’est cela. Nous sommes tous capables du pire comme du meilleur."
"D’un côté, il y a Jeremiah, un peu boyscout, un peu Tintin, et de l’autre Kurdy, un petit voyou, mais pas antipathique. A eux deux, ils forment le Bien et le Mal. En réalité, ils ne forment qu’une seule et même personne… qui est probablement moi. Je crois que je serais capable d’abattre une crapule, même dans le dos. Et Kurdy, c’est cela. Nous sommes tous capables du pire comme du meilleur."
Mais ce n’est qu’à partir de 1980 et Les héritiers sauvages que la série semble trouver un ton pleinement assumé. Hermann y troque le pinceau au profit du rotring (technique qu’il remplacera encore bien plus tard par la couleur directe). "C’est à partir de là que je suis encore en accord avec mon travail. Bien entendu, j’aurais mauvaise grâce à renier tout ce qui précède. Mais un artisan doit rester insatisfait. S’il ne se remet pas constamment en question, il cesse d’évoluer. (…) Le rotring a permis à mon dessin de s’aérer, et je pense y avoir gagné en fermeté et en précision. L’encrage est devenu une opération moins fastidieuse que lorsque j’utilisais le pinceau."
(Propos extraits de l’intégrale Jeremiah en noir et blanc, aux éditions Niffle)
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