Editeur : Les Humanoïdes Associés
Ces trois tomes de Final Incal sont donc censés boucler un “triptyque mythique” ?
Si le dessinateur Ladrönn y fait un boulot très honorable (impressionnant même, à défaut d’être original) et que le premier volume laissait espérer un bon scénario (écologiste), Alexandro Jodorowsky nous sert une conclusion malheureusement peu convaincante.
Tant la gestion de l’action que les dialogues (qui n’ont jamais été son fort) sont indigestes. Les personnages sont souvent peu crédibles, sous-exploités (les alter egos de Difool), voire parfois incohérents ou inconsistants (comme Louz de Garra). Autant de défauts qui laissent à penser que le grand scénariste, sur son piédestal, se remet peu en question, se satisfaisant de quelques idées-clés, produisant beaucoup trop de bandes dessinées tandis que ses priorités semblent s’écarter quelque peu du 9e art aujourd’hui.
Si l’on doit parler d’une grande trilogie jodorowskienne de science fiction, on considérera plus volontiers comme telle l’association cohérente de L’Incal (la série-mère de 6 tomes, dessins de Mœbius) avec La Caste des Métabarons (8 tomes, dessins de Gimenez) et Les Technopères (8 tomes, avec Janjetov et Beltran). Si les trois sagas précitées ne sont pas exemptes de défauts, elles ont chacune marqué le genre par leur innovation, tant dans le ton que dans leur approche visuelle, tout en restant intereliées entre elles.
Toutes les autres “sequels” ou “prequels”, qu’il s’agisse d’Avant ou Après L’incal, Megalex, Castaka, Les armes du Méta-Baron… font figure de pâles séries Z. Il est vraiment dommage que Jodorowsky desserve ainsi son oeuvre en produisant tant de mauvaises BD à côté de ses grandes réussites.
On attendra l’adaptation au cinéma de L’Incal par Nicolas Winding Refn (le réalisateur de Bronson ou encore Drive, posant ci-contre derrière Jodo, en 2013), en espérant y retrouver notre enthousiasme pour les aventures de John Difool et son oiseau cocasse.
Chronique collective de la rédaction Asteline