Editeur : Le Lombard
Tout
comme d'autres grands noms de la peinture, on limite souvent celui de Paul
Gauguin (1848-1903) à quelques clichés de vahinés
alanguies. Cette bande dessinée a le mérite de donner l'envie de nous replonger dans ses tableaux et nous apprend quel type d'homme était
l'artiste.
Maximilien Le Roy a décidé d'axer son scénario sur la dernière partie de sa vie, en Polynésie française. Sur une base très documentée, Gauguin est décrit comme
un peintre-poète, mû par la nécessité de constituer une oeuvre marquante, au sacrifice de sa santé, mais aussi comme un opposant farouche au colonialisme, voire
même un réfractaire aux valeurs de la "civilisation" dont il est issu. Mais les auteurs n'enjolivent pas
pour autant le portrait de cette forte personnalité, puisqu'ils
n'omettent pas de le montrer sous des angles égoïstes (notamment dans ses
relations avec de très jeunes femmes, voire adolescentes) et dans ses excès,
le rendant finalement peu sympathique dans l'ensemble.
Décidément, après les nombreuses adaptations de classiques de la littérature, les biographies en BD ont
également la cote depuis quelque temps : Rimbaud, Schiele, Nietzsche,
Thoreau...
Si on en ressort plus cultivés, dommage en revanche
que ces ouvrages relèvent souvent de la commande moyennement investie ou de l'opportunisme, manquant
de créativité, à quelques exceptions près, comme le fabuleux Dali d'Edmond Baudoin.
Christophe
Gaultier est un choix judicieux de dessinateur, mais on l'a connu plus
original. Quant aux teintes numériques de Marie Galopin, elles semblent omettre que c'est un pan de vie d'un génie de la couleur qu'elles sont censées rehausser. Ce n'est donc pas de savoir-faire qui manque pour la mise en images de ce récit intéressant et bien rythmé, mais bien d'imagination.
Chronique par Jean Alinea