Auteurs : Bailly et Kris
Editeur : Futuropolis
Deux ados insouciants, une envie de bouger, de faire la fête, de liberté, de lâcher-prise, de conquête du monde et des filles. Pour un voyage linguistique proposé par l’école, ils partent vers un pays inconnu : l’Irlande. Mais l’insouciance se transforme vite en nervosité dès les premiers pas à la douane, dès la confrontation à la pluie de Belfast. Nous sommes dans les années 80 et le conflit dans cette ville charnière entre les "deux Irlande" est le décor principal. Barbelés, militaires britanniques, tensions, clivage, insultes murmurées entre les dents d’ados qui pourtant leur ressemblent… Il fait gris, d’un coup.
Séparés, l’un dans une famille protestante, l’autre catholique, c’est ainsi qu’ils prendront toute la mesure de ce climat lourd d’insécurité. Qu’ils se poseront tant de questions, comme celle, évidente, du "pourquoi ?". A quatorze ans, on ne digère pas " la guerre des autres " comme ça. Guerre des autres qui ne l’est peut-être pas tellement.
Mis face à l’injustice, au courage, à la fierté, au sens de l’identité parfois trop fort, à la chaleur humaine et aussi à la douleur et la peur, ils passeront par les émotions les plus extrêmes, de l’allégresse à la consternation, et n’en sortiront pas indemnes, marqués comme on peut l’être à une période de la vie ou la prise de conscience du monde fait de nous des êtres différents. Surtout quand on se trouve toujours à la limite du drame.
Posées sur des souvenirs, ces "coupures irlandaises", qu’on sent sincères et intenses, ne commettent pas l’erreur du jugement. Elles sonnent plutôt comme une exorcisme, un besoin d’écrire cette page d’histoire-là, dans un regard personnel touchant qui, et ce n’est pas facile, parvient à éviter de prendre les autoroutes souvent empruntées quand il s’agit de parler de l’Irlande et de son passé riche mais dramatique.
Un graphisme pas forcément esthétisant mais qui colle au thème.
En fait, c’est bien aussi, les histoires vraies.